QUESTIONS/RÉPONSES

EN DIRECT DE L’ASHRAM SHREE PEETHA NILAYA,
5 AVRIL 2020 

 

Le Satsang d’aujourd’hui présente les réponses de Paramahamsa Vishwananda sur le but de la prière, la réalisation de Dieu vs. l’incarnation de Dieu, le fait d’être parent d’un enfant ou son esclave, et l’expérience que faisaient les gopis d’aimer Dieu.

 

Jai Gurudev, tout le monde !

Bienvenue à Shree Peetha Nilaya ! Et me voilà en quarantaine ici, en auto-quarantaine bien sûr. C’était incroyable hier, en quittant Vrindavan, de voir à quel point tout était vide ; il n’y avait personne sur la route, à part au poste de contrôle de la police.

Comme je l’ai dit au début des Satsangs à Vrindavan, ils ont en tête que les Occidentaux sont responsables d’avoir amené le Coronavirus en Inde. En fait d’un côté ils n’ont pas tort parce que les premières victimes étaient les italiens et ils sont venus d’Italie en Inde, donc la plupart des premiers cas étaient des italiens. Cela est tellement ancré dans l’esprit des gens qu’ils demeurent dans une certaine peur. J’ai pu voir ça hier quand nous étions en voiture et que la police nous a arrêtés. C’était ok avec les deux premiers points de contrôle, ils ont dit : ‘laissez-les partir.’ Mais quand on s’est arrêtés au troisième point de contrôle, le chef de la police a demandé les papiers de la voiture, alors le chauffeur les lui a donnés et derrière lui, un autre policier a dit : ‘Monsieur, s’il vous plaît, ne touchez pas le papier !’ (Comment pouvez-vous voir sans toucher le papier ?) Alors, il nous a laissé partir. 

L’aéroport était complètement vide et ils n’ont même pas réellement vérifié quoique ce soit. Étonnamment, on pouvait prendre une grande bouteille d’eau dans l’avion. Il y avait des Néerlandais et dès qu’ils nous ont vu ils se sont exclamés ‘Oh, mon Dieu’. L’un d’eux a dit à Swami Revati : ‘le cirque est de retour’, ou quelque chose comme ça. Mais souvent vous pouvez voir comment la peur se déclenche à l’intérieur des gens, elle est tellement présente qu’ils arrêtent de penser et de réfléchir ; ce n’est pas seulement maintenant mais quand on regarde le monde, on voit pourquoi les gens ne réfléchissent pas correctement : c’est à cause de leurs peurs.

Mais en fait nous avons fait un merveilleux voyage de retour à Shree Peetha Nilaya. Et c’était agréable de revenir ici ; l’air est si beau et ce qui est vraiment agréable, c’est le calme qui règne ici. À Vrindavan aussi c’était très calme, très agréable et très doux parce qu’on pouvait entendre le chant des oiseaux etc. Donc dans l’ensemble, ce n’était pas si mal, c’était même merveilleux de voir comment la nature évolue, et c’est beau. 

 

1. Quel est le but de nos prières pour aider en cas de catastrophes et de maladies si tout est la volonté de Dieu ? Il est particulièrement étrange de prier pour d’autres bhaktas qui sont de toute façon sous Votre protection. Cela a-t-il un sens ?

Une question similaire a été posée il y a quelque temps. Vous voyez, un acte de prière est un acte de bonne volonté et de bons vœux où l’on s’oublie soi-même et où l’on pense à quelqu’un d’autre. Que la prière soit exaucée ou non, cela n’a pas d’importance. Il est vrai que tout est la volonté du Seigneur, tout est la volonté de Giridhariji. Comme il est dit : pas une feuille ne bouge sans qu’Il ne le veuille. Mais en tant qu’être humain, nous entretenons certains sentiments pour les autres, et en raison de ce sentiment, même si nous savons que tout est Sa volonté, cela nous touche.

Vous pouvez peut-être savoir ‘oh oui, nous sommes l’atma, nous sommes éternels. Dans la forme atmique, tout est égal’, mais pourtant lorsque quelqu’un qui vous est cher passe de l’autre côté, vous ressentez… je ne dirais pas une perte, mais vous ressentez une certaine douleur en vous. Ce n’est pas parce que la personne vous manque, mais parce que vous êtes un être humain et que vous vous souciez des autres. Grâce à cette relation d’amour entre vous, vous faites des choses comme la prière, le japa ; vous voyez, ce n’est pas que vous ne vous souciez pas d’eux.

La prière et le fait de savoir que le Seigneur s’occupe de tout sont deux éléments qui vont de pair. En priant pour quelqu’un, qu’est-ce que vous perdez en réalité ? Perdez-vous quelque chose ? Vous ne perdez rien du tout ! En réalité, vous gagnez quelque chose, parce que vous recevez cette bénédiction, cette bénédiction invisible que l’âme de cette personne vous accorde quand elle reçoit votre prière, et celle-ci n’est pas visible à l’œil nu. Cette âme fait partie de Bhagavan Lui-même, non ? Elle est une partie de Lui.

Lorsque vous adressez votre prière pour le bhakta et la lui offrez, ainsi qu’ aux personnes qui en ont besoin, l’atma qui réside en eux donne cette bénédiction. C’est donc merveilleux d’avoir une pensée positive, une prière pour quelqu’un. Et cela vous encourage aussi à être positif, à rester dans cet état de positivité. Disons que quelqu’un a un problème : quelqu’un est malade. Au lieu de se joindre à cette douleur, ce que font très souvent les gens… comme quand ils vont voir quelqu’un qui est malade et qu’ils restent assis là en devenant malheureux, avec un visage tout triste en pleurant aux côtés de la personne malade ; au lieu d’élever son humeur, ils s’assoient là et pleurent ‘oh !’ Mais en fait ils ne le font pas pour la personne, ils le font pour eux-mêmes parce qu’ils pensent ressentir cette perte. Mais au lieu d’être malheureux comme ça, vous devriez améliorer l’humeur de cette personne, cela lui donne plus de force, de puissance et vous permet de rester dans un état et une humeur positive. En étant d’humeur positive, vous pouvez le rayonner sur les autres.

J’ai un exemple que j’utilise toujours : si vous allez voir le médecin, qu’il s’assied et se met à pleurer avec vous, pensez-vous que le médecin pourra vous aider ? Il ne pourra jamais vous aider. Le médecin a fait le serment : ‘peu importe ce qui arrive, je dois aider cette personne, donc si je m’assieds et pleure avec elle, je ne pourrai jamais l’aider. Pour que je puisse l’aider, je dois être fort et je dois être en mon plein pouvoir, et alors seulement je pourrai aider quelqu’un d’autre’.

Ainsi, la prière vous aide à être dans cet état positif et la prière renforce non pas la personne, mais elle vous renforce d’abord vous. La prière vous renforce dans votre croyance, elle vous renforce en vous-même et sur la façon dont votre esprit et votre intellect fonctionnent. Ainsi, la prière est toujours une bonne chose et elle vous encourage à savoir que, comme vous l’avez dit, tout est la volonté du Seigneur.

Mais même si vous savez que tout est Sa volonté, dans quelle mesure pouvez-vous accepter Sa volonté ? Très souvent, vous ne pouvez pas accepter cette volonté de Dieu. Oui, nous pouvons proclamer l’accepter et que c’est une bonne chose, mais très souvent, accepter la volonté de Dieu, c’est une très grande déclaration car il faut être dans un état d’esprit d’acceptation. Et lorsque vous êtes dans cet état d’esprit, ça devient facile. Il ne s’agit pas simplement de dire : ‘oui, j’accepte la volonté de Dieu’, vous savez, ‘parce qu’Il fait tout’. Mais savoir qu’Il est véritablement derrière tout ? C’est grâce au pouvoir de la prière que l’on s’en rend compte. Accrochez-vous à cette positivité et élevez votre conscience à cet état où vous pouvez vraiment et fortement croire qu’Il est là.

 

2. Je voudrais demander si le fait d’avoir réalisé Dieu et le fait d’être une incarnation de Dieu est la même chose ? Devrions-nous considérer tous ceux qui ont réalisés Dieu comme Dieu Lui-même ?

Okay, je ne répondrai qu’à la première partie de cette question. Nous avons tous une partie du Divin en nous. Une âme ayant réalisée Dieu, une personne qui a réalisé Dieu, n’est pas la même chose qu’une Incarnation. Ce sont deux choses différentes, car une personne réalisée en Dieu passe par le stade de l’évolution qui consiste à se débarrasser de son karma et à se purifier, à purifier son mental, sa conscience, son intellect, son corps, etc. Et quand tout cela est purifié, alors elle commence à briller la Lumière Divine.

Alors qu’une Incarnation, complète ou partielle, est un amsha-avatar divin. Celui-ci vient dans un but précis et n’a pas d’agenda avec le karma, il vient ici pour élever et libérer ceux qui ont atteint l’état de Réalisation du Soi. Il vient en tant que rappel qu’ils doivent atteindre Dieu. Ainsi, les êtres réalisés en Dieu sont ceux qui ont été touchés par la grâce d’une Incarnation, qui ont eu la vision divine de cette grâce et qui ont été libérés.

Tout d’abord, comment savez-vous qu’ils ont réalisés Dieu ? Vous ne le savez pas. Vous ne pouvez pas dire de quelqu’un qui est habillé d’une manière particulière ou qui vous dit des choses si belles qu’il a réalisé Dieu ; beaucoup sont juste des professeurs ou des enseignants qui vous aident sur votre chemin, mais ils ne peuvent pas vous donner cette réalisation.

Une Incarnation, le jagadguru, le satguru, peut vous donner cette réalisation quand vous êtes prêt. Si vous n’êtes pas prêt, pourquoi vous la donnerait-il ? Vous ne serez pas capable de la gérer. Arjuna lui-même a dit : ‘Seigneur, révèle-moi Ta forme cosmique, mais seulement si Tu vois que je suis prêt’. Voyez comme il était sage ! Il ne s’agit pas de quelqu’un qui se contente de dire : ‘bon écoute, je suis prêt, peux-Tu te révéler à moi ?’ Ce sont là deux choses différentes. Arjuna a clairement demandé à Bhagavan Krishna : ‘puisque Tu as une grande vision, Tu sais si je suis prêt ou non, moi-même, je ne le sais pas alors si Tu penses que je suis prêt, révèle-le-moi.’

Vous savez, Bhagavan, cette forme cosmique le sait et Il est assis en vous. Pensez-vous qu’une action de votre part le fera se révéler à vous ? Non, non, non, non, non. Cela se produit automatiquement. Quand Il verra que vous êtes prêt, Il se révélera à vous. Pas comme certains ‘saints’ d’autres religions ; je lisais un article sur une sainte récemment canonisée que je ne mentionnerai pas, qui tout au long de sa vie a fait beaucoup de bonnes choses. Mais à la fin, elle avait des doutes, elle doutait même que Dieu existe, ou que Dieu regarde tout ; elle avait ce doute dans son esprit. Il y a des gens bons, mais je ne la classifierais pas de sainte. C’était une femme bonne qui a aidé beaucoup de gens et qui en a aussi inspiré beaucoup. De cette manière, beaucoup de bonnes personnes dans ce monde inspirent et aident les autres, mais cela ne signifie pas qu’elles peuvent vous révéler Dieu. C’est aussi quelque chose de très important à reconnaître. 

Alors, comment reconnaissez-vous cela ? Premièrement, seulement quand vous êtes humble. Pas par votre éducation, vos connaissances, tout cela, non car vous allez créer des jugements ; ce n’est que par l’humilité que vous le reconnaîtrez. Et cette reconnaissance se fait à travers votre cœur, ce que vous ressentez à l’intérieur de votre cœur au moment où vous rencontrez un saint, un être réalisé ou une Incarnation, vous avez cette certitude qu’’Il peut me libérer’ ou ‘Il peut m’aider à atteindre la libération, Il peut m’aider à atteindre les Pieds de Lotus du Seigneur.’

Mais lorsque vous rencontrez une Incarnation, vous avez ce sentiment immédiat : ‘Celui-ci est différent de tous les autres. Il brille une lumière différente.’ Voilà un avatar. Ainsi, la manière d’être d’un avatar est complètement différente de celle d’un saint ou d’un être réalisé. C’est très difficle d’essayer de comprendre avec le mental qui n’est pas encore abandonné, parce que vous arriverez toujours au point de votre propre limitation ; le mental et l’intellect fonctionnent d’une manière limitée. Alors qu’ici nous parlons d’une personne qui est infinie et c’est très compliqué à comprendre avec le mental. C’est pourquoi je dis de comprendre avec la conscience, parce que lorsque votre cœur se révèle, votre cœur sait et le siège de votre âme sait. Quand votre âme à l’intérieur reconnaît ceci, cette âme envoie de l’énergie à l’intérieur de tout votre corps, chaque cellule de votre corps commence à vibrer. Ce qui vibre, c’est la vie elle-même. Sans la vie, sans que vous soyez là, rien n’existerait. Pensez-vous que vos yeux auraient le pouvoir de voir, votre nez le pouvoir de sentir, vos oreilles le pouvoir d’écouter, votre esprit le pouvoir de penser, votre intellect d’agir ? Non, non, c’est seulement à travers la vie que tout cela peut se passer. Ainsi, lorsque cette vie, cette atma qui est en vous, reconnaît que ‘Mon Seigneur est là’, c’est une énergie différente qui s’installe à l’intérieur.

 

3. Quelle est la différence entre aimer ses enfants, faire son devoir de parent et être un esclave de ses enfants ?

Okay, faire son devoir en tant que parent. Vous savez, vous avez mis vos enfants sur Terre, ils ne vous ont pas demandé de naître ici. Vous vouliez des enfants, vous les avez. Ce qui veut dire que vous devez assumer une certaine responsabilité de prendre soin d’eux, de vous en occuper, de les éduquer, qu’ils deviennent de meilleurs êtres humains.

Donc, la question est : comment ne pas être leur esclave. Tout d’abord, en leur rappelant que vous êtes les parents et que vous êtes celui qui leur enseigne. Ils apprennent de vous, et pas seulement par ce que vous leur dites, mais aussi par vos actions. Vos enfants apprennent en voyant votre façon d’être et en écoutant ce que vous dites. Si vous leur dites une chose et que vous en faites une autre, qu’apprendront-ils ? Vous savez, vous éduquez vos enfants à travers les actions ; la plupart n’apprennent pas en fonction de ce que vous leur dites mais en fonction de ce qu’ils voient et ce qu’ils perçoivent ; c’est par ce biais-là qu’ils apprennent. Et s’ils voient que vous ne faites que leur dire pour qu’ils apprennent, ça va aller ici [dans une oreille] et disparaître par l’autre oreille… Par vos actions, par ce que vous faites avec eux ou entre vous en tant que parents, mari, femme, partenaires, peu importe, vous devez donner le bon exemple.

La troisième partie de la question, c’est de ne pas être esclave de vos enfants, ce qui renvoie au fait de ne pas toujours dire oui, oui, oui. Vous savez que les enfants, surtout quand ils sont petits, ont tendance à contrôler leurs parents. J’ai rencontré beaucoup de couples qui, après avoir eu des enfants, ont vu leur relation devenir si mauvaise, mais j’en ai vu aussi certains avoir une merveilleuse relation.

J’ai demandé à des couples qui ont des enfants : ‘Pourquoi vous n’avez pas une bonne relation ?’ Ils me répondent : ‘Ah, vous savez, elle ne s’intéresse qu’à l’enfant, pas à moi’. Parce qu’avant que l’enfant ne soit là, vous étiez attentive à votre mari et le mari était attentif à vous. Mais lorsque l’attention est détournée vers l’enfant, alors vous commencez à avoir une mauvaise relation.

Souvent, les enfants jouent sur ce chantage émotionnel parce qu’ils savent où se trouve votre faiblesse et ils utiliseront n’importe quelle faiblesse pour attirer votre attention. Ils se disent : ‘Ok alors si j’agis de cette façon, je vais attirer leur attention’. Et donc l’enfant commence à agir de cette manière. Bien sûr, quand dès le début ils agissent de cette manière et que vous êtes rentré dans le jeu, cela va continuer ; ils vous ont donc sous leur emprise et vous feront danser au rythme de leur propre musique.

Pendant ce temps, vous constatez que votre relation avec votre partenaire se détériore. Et surtout avec un couple qui ne pouvait pas avoir d’enfants, au lieu de lui apprendre à grandir à partir de leurs exemples, les parent ont laissé leur enfant dominer leur relation. Cela devient alors très difficile et c’est ce à quoi vous devez faire attention.

Il était une fois un vieil homme et sa femme qui célébraient un anniversaire. Leur fille est entrée dans la maison avec son mari et ses enfants. Elle accordait beaucoup d’attention à l’enfant qui était infernal. Alors le père de la fille a dit à sa mère : ‘je dois lui parler’. Un jour, il a appelé sa fille et son mari, et leur a demandé : ‘Qui est la personne la plus importante dans votre vie ?’

La fille a répondu : ‘Oh, mon enfant est la personne la plus importante dans ma vie.’

Ensuite il a demandé à son gendre qui a répliqué : ‘Mon enfant est la personne la plus importante dans ma vie.’

Puis le père explique : ‘Écoutez, je ne vais pas vous dire comment vous occuper de vos enfants, mais j’ai remarqué qu’il y a une certaine discordance entre vous deux, c’est pour cela que j’ai demandé qui était la personne la plus importante dans votre vie. Vous avez tous les deux répondu que l’enfant est la personne la plus importante. Écoutez, c’est une erreur parce que la personne la plus importante de votre vie devrait être l’autre, le mari et la femme. Pour chacun, l’autre aurait dû être la personne la plus importante de votre vie.’

Tous deux étaient un peu perplexes.

Puis il a poursuivi en disant : ‘Écoutez, j’ai vécu 60 ans très heureux avec ta mère parce que nous nous aimons et même lorsque les enfants étaient là, nous n’avons jamais cessé de nous aimer, de prendre soin l’un de l’autre parce que les enfants doivent apprendre de leurs parents ; ils apprennent à travers ce qu’ils voient. La personne la plus importante dans votre vie, c’est toi pour lui, et lui pour toi. Et les enfants apprennent de cela, de ce que vous partagez entre vous, de ce que vous leur montrez. Ils apprendront et grandiront avec cela.’

C’est la même chose dans votre vie. Vous devez vous occuper de vos enfants, vous devez prendre soin d’eux, les écouter, mais vous devez donner l’exemple qu’eux aussi doivent apprendre à vous écouter. Et ce n’est pas en leur disant : ‘Oh, tu m’écoutes quand je dis quelque chose’, non. C’est à vous de donner l’exemple en les écoutant. Le respect vient des deux côtés et l’écoute vient aussi des deux côtés.

 

4. Pouvez-vous nous expliquer comment les gopis étaient focalisées sur Krishna pendant qu’elles accomplissaient leurs devoirs ? Quel bhava expérimentaient-elles ? Le fait d’accomplir les tâches quotidiennes pour plaire et servir Dieu, le fait de Le voir en toute chose ressort plus du dasya-bhakti alors que les gopis étaient dans un maha-bhava, alors comment vivaient-elles ça dans la vie de tous les jours ?

Tout d’abord, nous devons comprendre que lorsque nous parlons des gopis, les gopis n’étaient pas des êtres humains normaux. C’étaient de grands sages incarnés pour servir leur Seigneur Bien-aimé. Les gopis avaient déjà élevé leur spiritualité. Pour être avec le Seigneur Lui-même, pour faire un tel lila avec Lui, elles devaient être au-delà du concept d’être humain.

Comme vous le savez, lorsque Rama et Lakshmana voyageaient, ils sont passés devant un ashram où les sages méditaient, ces derniers étaient des enfants d’Agni-dev. Ils méditaient sur le Seigneur Suprême pour L’avoir. Ainsi, lorsque Rama et Lakshmana passaient par là, ils ont reconnu le même Seigneur qu’ils avaient vénéré. Il était là en personne ! Ainsi, tous les sages étaient remplis de ce madhurya-bhava. Ils ont commencé à courir vers Lui pour L’embrasser car il n’existait pas de concept masculin ou féminin ; quand l’atma reconnaît paramatma, le genre disparaît complètement. Les sages couraient vers lui pour l’embrasser, pour être avec lui, pour lui sauter dessus, pour l’enlacer ! À ce moment-là, Rama les a arrêtés et leur a dit : ‘Non, arrêtez ! Dans cette Incarnation, je suis déjà mariée donc je ne peux pas réaliser votre souhait. Je vous en prie, j’exaucerai ce souhait d’être avec Moi dans votre prochaine vie.’

Ainsi, toutes les gopis se sont incarnées lorsque Bhagavan a décidé de venir sous la forme du Seigneur Krishna. Pour satisfaire ce désir, cette aspiration profonde d’être avec le Seigneur de manière intime, Bhagavan est venu et les sages sont venus en tant que gopis. Donc, quand Bhagavan était là, pensez-vous que l’Atma ne L’a pas reconnu ? En elles, cette atma brûlait de ce désir. Quoi qu’elles fassent ce n’était que pour leur Seigneur Bien-aimé, rien d’autre. Ce monde n’avait pas d’importance. Elles avaient déjà transcendé ce monde, pendant de nombreuses vies elles l’ont fait et leur seul désir était de servir Bhagavan Lui-même.

Au chapitre 10, verset 3, Bhagavan Krishna dit : « Celui qui sait que Je suis non-né et sans commencement ; le grand Seigneur des mondes – est hors de l’illusion parmi les mortels et est libéré de tout acte négatif. » Prenons ce verset et observons les gopis. Celles-ci Le reconnaissent comme étant le Seigneur Suprême. Et il ne s’agit pas seulement d’une reconnaissance mentale : ‘oh oui, Il est le Seigneur.’ Non, c’est cette intimité profonde. Vous apprenez à connaître quelqu’un grâce à cette relation intime profonde que vous avez avec cette personne. Sans cette relation intime profonde, vous ne la connaissez pas. Par la relation qu’elles entretenaient avec leur Seigneur bien-aimé, elles Le reconnaissaient en tout. Vous savez, Il est le Seigneur Suprême, celui qui n’est pas né, qui est sans commencement ; Il est cet être Suprême Lui-même. L’esprit des gopis n’était trompé ni par la limitation des normes, ni par les doutes ou quoi que ce soit d’autre, elles avaient transcendé cela.

Le bhava à l’intérieur des gopis était celui d’un amant qui ne reconnaît rien d’autre que son bien-aimé. Au fond d’elles-mêmes, elles savaient qu’elles devaient faire leur devoir, mais leur esprit était tourné vers le Seigneur Lui-même. Elles étaient centrées dans le Soi. Elles avaient réalisé leur Soi, et là Bhagavan est venu et a dit : ‘D’accord, vous Me voulez pleinement, même si vous avez réalisé votre Soi, voici la réalisation de Dieu.’ Telle est cette union, cette intimité entre un individu qui a réalisé son Soi et le Seigneur Bien-aimé. Très souvent, les gens confondent la réalisation de Soi et la réalisation de Dieu. Ils pensent que ‘Ok, j’ai atteint la réalisation de Soi.’ Oui, à travers votre sadhana, vous y êtes arrivé, vous avez atteint la réalisation de Soi, mais la réalisation de Dieu ne vient qu’avec cette grâce. Au fond, même cette réalisation de Soi est Sa grâce, car s’Il ne le veut pas, cela n’arrivera pas.

Quand quelqu’un atteint la réalisation de Soi, ce n’est pas que le voyage se termine. Le voyage continue, il continue jusqu’à ce que vous ayez cette relation sublime, cette intimité profonde avec le Seigneur bien-aimé Lui-même. Les gopis de Vrindavan et de nombreux saints avaient cette relation intime et profonde avec Lui et c’est pour cette raison qu’elles pouvaient Le percevoir dans tout ce qu’elles faisaient, dans toutes leurs actions. Vous voyez, les gopis l’ont placé en premier : ‘je ne veux rien d’autre, seulement Lui, rien d’autre.’ Cette focalisation, cette concentration auxquelles elles s’accrochent ont rendu leur Seigneur bien-aimé réel en toute chose, non seulement lorsqu’Il était là mais dans tout ce qu’elles faisaient, elles ne voyaient que Lui. C’est comme quelqu’un qui est follement amoureux : qu’y a-t-il dans son esprit ? Dans l’esprit d’un amant, il y a toujours l’être aimé. ‘Où est-il ? Où est-elle ? Pourquoi ne téléphone-t-il pas ? Pourquoi… ?’ Vous regardez votre téléphone dix fois, cent fois par jour. C’est cette intensité qui ont fait que les gopis voient leur Seigneur en toute chose, mais toujours avec le même désir : ‘Quand se donnera-t-Il Lui-même à moi ?’

Et c’est quelque chose de si profond à creuser toujours plus parce qu’ici, il ne s’agit pas seulement de cette âme réalisée qui demande à Bhagavan de Se révéler, mais le même désir vient du Seigneur Lui-même qui aspire à être avec elles. Ce n’est donc pas une relation à sens unique, mais une relation à double sens où Bhagavan fait tout son possible pour venir aux gopis. C’est tellement beau à voir, que le Seigneur Suprême Lui-même vient pour le dévot… pour ceux qui ont ce profond désir pour Lui.

 Jai Gurudev !