QUESTIONS/RÉPONSES EN DIRECT DE VRINDAVAN,
À L’ASHRAM SHREE GIRIDHAR DHAM,

2 AVRIL 2020

Dans le Satsang d’aujourd’hui retransmis en direct, Paramahamsa Vishwananda a répondu à des questions sur notre relation avec Dieu ici sur Terre et à Vaikuntha, le changement de perception dans cette relation, le fait de tomber du chemin spirituel et quelle est la bonne réponse à la question ‘Qu’est-ce que tu veux ?’ 

Jai Gurudev, tout le monde !

Aujourd’hui, c’est Ram Navami, l’anniversaire de Seigneur Rama, et nous l’avons célébré de manière très simple ; c’est la première fois que nous célébrons Ram Navami comme ça, avec ‘peu de monde.’ Parce que d’habitude, chaque année nous célébrons Ram Navami de manière grandiose, mais c’était bien aussi comme ça, c’était très doux. Comme je le disais tout à l’heure, c’est en fait la première fois que nous célébrons Ram Navami au moment où Il est véritablement né ! Surtout d’être ici à Vrindavan, c’est une grande bénédiction et, là on peut entendre tous les ashrams qui chantent ; c’est le retour du Vrindavan d’avant, ce n’est plus le Vrindavan silencieux et calme – c’est vraiment vibrant et très agréable en fait, d’entendre tous les ashrams et tous les chants aux alentours. 

Vous voyez, le Seigneur Rama est venu il y a environ 10 000 ans, Il est né ici. Et en tant que grand roi, Il a fait beaucoup de choses. Il a apporté des connaissances au peuple : comment vivre, comment prendre soin des autres, etc. C’était une personnalité que tout le monde admirait. Il a beaucoup souffert dans Sa vie, oui, mais Il a souffert pour tenir Sa parole qu’Il avait donnée à Son père, et Il a inspiré beaucoup de gens.

Pourquoi le Ramayana a-t-il été vénéré pendant toutes ces années ? Vous pouvez entendre beaucoup d’histoires de beaucoup de gens, mais est-ce que celles-ci ont eu un impact sur vous ? Beaucoup de gens écrivent des histoires, mais pourquoi ce que Valmiki a écrit a eu un tel impact sur les gens ? Pourquoi la vie de grands personnages comme le Seigneur Krishna, le Seigneur Bouddha, etc. a-t-elle eu un tel impact sur les gens ? Pourquoi considérons-nous encore leur vie comme quelque chose d’inspirant ? C’est d’abord parce qu’ils ne vivaient pas pour eux-mêmes, leur vie était un service à l’humanité, un rappel à l’humanité de ce qu’est vraiment la vie : non pas seulement la vie superficielle que tout le monde vit. Et leur exemple a eu un impact profond sur la vie de chacun ; cela a toujours et aura toujours un impact. Pour ceux qui écoutent le Ramayana et qui se plongent dedans, il touchera et changera quelque chose en eux.

Il y a aussi d’autres histoires sur de grandes personnalités mais celles-ci ne font aucune différence dans votre vie, elles ne vous touchent pas à l’intérieur. C’est parce que ces grandes épopées ont une certaine vibration. Dans la tradition hindoue, on dit que Dieu existe aussi sous la forme des Saintes Écritures et donc nous avons ce respect pour les Écritures car par rapport à d’autres livres, elles transforment un être humain ordinaire en un être divin.

Nous ne devrions pas considérer ces Écritures d’un point de vue intellectuel, parce que lorsque c’est le cas, surtout en Occident, très souvent les gens ont une autre notion des choses et au lieu d’apprécier et plonger dedans, non, ils doivent analyser et comprendre. Ok, vous l’analysez, vous comprenez, mais qu’est-ce que ça va vous faire ? Est-ce que cela va changer quelque chose en vous ? Non, ça ne changera rien ! Parce que vous regardez l’Écriture d’un point de vue intellectuel, mais vous savez, votre intellect, votre esprit et cette sagesse sont tous limités par le domaine de la réalité matérielle. Donc, vous la comprenez de manière matérielle. C’est pour cette raison qu’en lisant les Saintes Écritures, en les écoutant, vous devez vraiment plonger dans votre cœur ; laissez cet esprit plonger au plus profond de vous et vous aurez une compréhension différente menant à la transformation.

1. C’est tellement agréable de Vous voir tous les jours et de nous donner à tous un satsang, surtout en ces temps difficiles. Merci beaucoup de prendre le temps de faire cela ! Ma question est la suivante : vous avez souvent demandé aux gens ‘Que voulez-vous ?’ et beaucoup ont donné des réponses différentes. Même dans les shastras, cette question a été posée dans de nombreuses situations. Quand on a posé cette question à Prahlad, il a répondu qu’il ne voulait rien. Y a-t-il une bonne réponse à cette question ?

Eh bien, Prahlad a lui-même répondu à la question, comme vous l’avez dit vous-même. Vous voyez, le fait de demander, c’est très humain. Quand quelqu’un vient vous demander ce que vous voulez, automatiquement vous avez à l’esprit ‘je veux quelque chose.’ N’est-ce pas ? Donc, cette ’volonté’ limite en elle-même toute la possibilité de ce que Dieu est prêt à vous donner. Quand Nrsingadev a demandé à Prahlad ‘que veux-tu?’, Nrsingadev a dû répéter cette question à trois reprises. Pour sûr Prahlad Maharaj a dit : ‘Oh, mon Dieu ! Je te le dis, Baba, je ne veux rien ! Toi, le Seigneur suprême Lui-même est venu, Tu es sorti de ce pilier d’une manière si terrifiante, Tu as tué mon père, que puis-je Te demander d’autre ? Par Ta compassion, tu donnes ; sans demander, Tu donnes à Ton dévot, et maintenant Tu me demandes ce que je veux ! Je Te dis que je ne veux rien’.

La réponse de Prahlad est très puissante et très forte. Bhagavan sait que tout le monde a une certaine envie ; tout le monde, même les sages, les Rishis, quand ils font leur pénitence, c’est toujours pour quelque chose. Certains prient : ‘oh, donne-moi ceci’ ou ‘donnez-moi cela.’ Au fond, nous demandons toujours quelque chose : ‘oh donne-moi l’intelligence, donne-moi la connaissance, donne-moi ci, donne-moi ça.’ Mais non ! En réalité, nous devons apprendre que quelle que soit Sa volonté, il faut la laisser se réaliser. Bien sûr, en demandant vous recevrez ; il est dit : demandez, vous recevrez. Il vous donnera car Il est l’abondance de la grâce, de la miséricorde, et Il vous donnera jusqu’à ce que vous réalisiez réellement ce pour quoi vous êtes ici.

Dans la Gita, Bhagavan Krishna l’a dit. Au chapitre 10, verset 10, Il l’a magnifiquement formulé : ‘Ceux dont l’esprit M’est abandonné avec une dévotion aimante, Je répands la grâce sur eux. Je leur donne la grâce de la sagesse et de la connaissance par lesquelles ils peuvent M’atteindre.’ Bhagavan Krishna dit tout dans ce verset : Il dit qu’il ne s’agit pas de demander. Parce que tout ce que vous demandez, votre mental, votre intellect et même la compréhension de cette sagesse que vous recevez sont tous limités par cette réalité. Donc quand vous dites comprendre quelque chose, vous ne comprenez que jusqu’à un certain point, vous le comprenez d’une manière limitée. Et votre demande elle-même est aussi basée sur quelque chose de limité. Bhagavan Krishna dit ici : ‘Ceux dont l’esprit M’est abandonné avec une dévotion aimante…’, Il dit : ‘…cet esprit doit se transformer dans la dévotion.’

Qu’est-ce que la dévotion ? La dévotion, c’est l’abandon de soi-même. Si vous dites juste ‘oui, je fais mon puja à ma déité, je suis abandonné.’ Eh bien non ! C’est ce mental qui doit s’abandonner. Et tant que ce mental ne s’abandonne pas, cette grâce ne vient pas. Il dit bien ‘Ceux dont l’esprit M’est abandonné avec une dévotion aimante’, ce qui signifie que c’est ce mental qui doit se transformer. Il ne s’agit plus de ‘’je’ qui veut comprendre quelque chose, ce n’est plus le ‘je’ qui veut faire quelque chose, ni le ‘je’ qui veut quelque chose de Toi, Seigneur. Ce n’est pas que j’ai de la dévotion pour Toi parce que je veux quelque chose de Toi, je suis prêt à accepter tout ce que Tu déverseras sur moi.’

C’est très puissant, même si ça ne sonne pas si puissant que ça. Vous savez toute la puissance qu’il faut pour tout accepter de Dieu ? C’est énorme, parce que très souvent ont dit : ‘oui, oh, je veux ceci, Dieu, et je veux cela, Dieu. Je t’aime, Dieu, et j’accepterai tout.’ Mais dès qu’Il vous met à l’épreuve, qu’Il vous teste, c’est là que vous verrez combien vous L’aimez, combien vous acceptez. C’est pour cette raison que Nrsingadev insiste car vous voyez, les gens demandent et demandent mais ils ne savent pas ce qu’ils demandent. Il y a quelque temps, une personne a dit : ‘je veux Dieu’, oui, tout le monde veut Dieu. Dites-moi qui ne veut pas de Dieu ? Toute votre incarnation ici est destinée à atteindre Dieu, mais êtes-vous prêt à Le recevoir ? Pouvez-vous L’assumer ? Ça c’est autre chose.

Et aussi une chose, c’est que oui nous demandons, demandons et demandons, nous voulons Dieu, nous voulons ceci, nous voulons cela, mais nous devons comprendre que de L’avoir Lui, ça n’arrive que par Sa grâce ; pour cela, notre propre effort est inutile. On peut méditer, on peut chanter, on peut faire n’importe quoi, mais la seule chose que l’on peut faire, c’est transformer le mental et en faire un service d’amour envers Lui. C’est Sa propre volonté de déverser Sa grâce sur vous, et c’est quand Il verra que vous êtes prêt qu’Il vous en fera la grâce.

C’est pour cette raison que dans la deuxième partie de ce verset, Bhagavan Krishna dit : ‘Je leur donne la grâce de la sagesse et de la connaissance par lesquelles ils peuvent M’atteindre.’ Ce qui signifie qu’il y en a qui peuvent L’atteindre et d’autres qui ne peuvent pas L’atteindre. C’est la manière de recevoir cette grâce qui est importante, et demander : ‘Dieu, donne-Toi à moi, révèle-Toi’, ce n’est pas la bonne attitude. Faites simplement votre service et souvenez-vous de Lui.

Pour en revenir à la très belle discussion qui continue encore entre Prahlad et Seigneur Nrsingadev (je ne sais pas si toute la discussion va sortir de ma bouche là maintenant mais bon, peu importe…), à un moment donné, Prahlad demande à Nrsingadev :

 ‘Prabhu, Tu es le Seigneur de l’Univers… (ici il s’adresse à Lui en tant que ‘Prabhu’), dis-moi. Qu’est-ce qu’un serviteur ? Quel est le rôle d’un serviteur ?’ Il continue : ‘Écoute, un serviteur est là pour plaire au Maître. Oui ou non ? Quoi que fasse le serviteur, si c’est un bon serviteur, c’est seulement pour faire plaisir au Maître car c’est son dharma : dasya-bhava. Ceux qui ont ce bhava de servitude en eux sont là pour faire plaisir au Maître. Il ne s’agit pas de faire plaisir à eux-mêmes, mais de faire ce que le Maître veut.’ Prahlad continue : ‘Tout ce qui est matériel est lié par la limitation. Alors, que puis-je T’offrir qui ne soit pas déjà Tien ? Tout est à Toi. Je n’ai rien à T’offrir et pourtant, Tu me demandes de Te demander quelque chose ?! Je suis Ton serviteur, comment pourrais-je demander quelque chose ? Tu m’accordes tout ce qui Te plaît.’

C’est là le rôle d’un serviteur : accepter ce que le Maître… Ici je dis « maître », mais s’il vous plaît ne voyez pas cela comme un maître et son esclave car non, ça n’a rien à voir avec ça. Ce que je dis à propos du Maître en ce moment, je le dis à propos de ceux qui se soucient vraiment des gens. Souvent, quand on parle de Maître et de serviteur, ô que c’est choquant, surtout dans l’esprit occidental parce qu’ils comparent ça à l’époque coloniale avec un maître et des esclaves. Non, ça n’a rien à voir avec ça. Ici, le serviteur s’offre de son plein gré, il a cette volonté ‘je veux Te servir, je n’ai rien d’autre et ce n’est pas que j’attends quelque chose de Toi. Je suis prêt à me donner pleinement à Toi.’ Il s’agit de cette volonté de servir qui est très différente de l’esclavage où la personne est forcée à servir, qu’elle le veuille ou non. Les serviteurs qui se trouvent dans dasya-bhav – Prahlad, Hanumanji – ont ce bhava à l’intérieur : ‘je veux Te servir, seulement Toi et personne d’autre !’

Prahlad Maharaj a dit à Nrsingadev : ‘C’est le rôle d’un serviteur, je veux Te servir, je fais tout, seulement pour Te servir. Comment un serviteur peut-il demander quelque chose au Maître ? Il ne peut pas. Un serviteur, un bon serviteur, ne demande jamais rien au Maître et accepte tout ce que le Maître lui offre ».

Nrsingadev était d’accord avec cela, mais il a de nouveau posé la question : ‘Que veux-tu ? Qu’est-ce que Je peux te donner ?’

Pralhad répond : ‘Baba, comment puis-je Te faire comprendre ? Alors d’accord, si Tu veux me donner quelque chose, Prabhu, donne-moi la bénédiction de ne jamais rien Te demander.’

Il avait piégé Nrsingadev et comme Prahlad avait demandé une faveur, Nrsingadev a dû la lui donner. Prahlad a dit : ‘Donne-moi la bénédiction de ne jamais rien Te demander.’ Ce qui veut dire : ‘Tout ce que Tu veux, donne-le moi. Je suis à Toi et Tu es à moi ».

Il n’est pas nécessaire de demander. Ce Seigneur Bien-aimé qui a envoyé chacun d’entre nous ici sait ce qui est bon pour chacun. Le mieux, c’est donc de transformer votre esprit et de l’offrir au Seigneur.

2. En lisant Vos commentaires sur la Bhagavad Gita, j’ai trouvé l’exemple de saint Ramadasu. Il a refusé d’aller au ciel pour pouvoir continuer à servir son Seigneur ici sur Terre. Dans le cas de Mirabai, elle a fusionné avec la déité de Krishna et a quitté cette Terre. En tant que Vos dévots, nous aspirons à Vous servir éternellement, à être toujours aux Pieds du Seigneur et avoir une relation personnelle d’amour. Donc ma question est la suivante : est-ce seulement en réalisant Dieu ici sur Terre que l’on peut avoir une relation personnelle avec Lui et Le servir, et en quoi cela est-il différent de la relation éternelle que nous avons avec Dieu à Vaikuntha ?

Les saints ont des bhavas différentes à l’intérieur d’eux. C’est ce que je vous disais il y a quelques jours ; pour certains, comme Ramadasu, il priait le Seigneur Rama de le laisser être dans le monde invisible tout en servant Sri Rama.

Voyons donc d’abord la personnalité de chacun, à commencer par Ramadasu. Vous voyez, la vie de Ramadasu n’était destinée qu’à faire plaisir à Rama. Quoi qu’il fasse, c’était pour Rama et il ne voyait aucune différence entre Rama à Badrachalam et Rama à Vaikuntha. Rama est Rama. Donc il ne disait pas : ‘le Rama que je sers ici dans la déité de Badrachalam est moindre.’ Jamais il n’a vu les choses de cette manière car pour lui, que ce soit à Vaikuntha ou à Badrachalam, c’est le même Rama qu’il adore et qu’il sert. Ainsi, si Ramadasu dit ‘laisse-moi être ici pour servir’, c’est parce qu’il trouve un grand bonheur à pratiquer la bhakti par son service, par sa prière, à ceux qui viennent à Badrachalam.

L’année dernière, nous étions à Badrachalam. C’est un endroit si merveilleux, si inspirant. Vous voyez, chaque endroit a un saint, et à Badrachalam, Ramachandra Bhagavan a choisi Ramadasu. À travers l’exemple d’un bhakta (le mot ‘dasu’ signifie serviteur), à travers le serviteur de Rama, nous percevons que oui, ma vie n’est pas seulement pour moi mais ma vie est aussi un service à l’humanité. La vie de Rama l’est aussi : Il a donné l’exemple d’un roi qui était là pour Son peuple. C’est pour cette raison que Ramadasu a dit : ‘je veux aussi être ici pour les gens.’

Alors maintenant, regardons Mirabai. Mira avait un bhava différent en elle-même. Le bhav de Mira, c’est le bhav de l’amour. Ça ne veut pas dire que Ramadasu n’aimait pas Rama, il L’aimait mais il était dans une bav de dasya. Alors que Meera voulait être avec son Bien-aimé et elle a également inspiré les gens en écrivant ses poèmes sur ce que c’est que d’être totalement imprégné de madhurya-bhav, et sur ce qui se passait en elle, de cœur à cœur.

Et c’est merveilleux. Elle ne voulait pas fusionner avec Krishna, non, non, non, non, non, non, c’est le Seigneur qui la voulait parce que quand Mira chantait, Il dansait devant elle. Quand Mira écrivait, Bhagavan l’écoutait. Donc, quand le moment est venu pour Mira de disparaître, à 83 ans, Bhagavan est venu et lui a tendu la main qu’elle a prise. En raison de cette grande âme, chaque aspect de son corps matériel s’est transformé en Bhagavan Lui-même.

Donc, de quelle manière le dévot doit prier et se comporter… regardez tous ces grands exemples de saints, il ne s’agit en réalité pas d’eux mais de leur relation à Dieu – pour en venir à la première question. Les vrais saints ont réalisé cela, et ils se sont élevés à cet état. Je ne dirai pas qu’il s’agit de compréhension, parce que la compréhension est encore limitée, aujourd’hui vous comprenez beaucoup de choses et demain vous les oubliez ; mais non, pour eux, c’est bien plus qu’une simple compréhension.

Ainsi, un dévot devrait vraiment suivre ce que le Maître lui a donné. Même Mira ne faisait que suivre ce que son Maître Ravidas lui disait : simplement chanter le nom de Krishna, rien d’autre. Mais nous ne vivons pas à cette époque, aujourd’hui c’est une autre époque et nous devons l’adapter : en chantant le Nom de Dieu et à ce qu’est le mental. Laissez-Le faire, faites-Lui confiance.

Il y a cette belle histoire. En fait ce n’est pas une histoire mais un événement qui est arrivé dans la vie de Mira. Mira était un peu folle, elle ne faisait que chanter le nom de Krishna et rien d’autre. Un jour, Tansen et Akbar sont venus incognito à Chittoor pour écouter ce merveilleux chant dévotionnel de Mira (Chittoor était sous le règne de la famille de Mirabai, la famille Rana.) Tous deux étaient dans une joie extatique en écoutant Mira, et Tansen, qui était dévot d’un grand saint de Vrindavan, Haridas Thakur, était lui aussi un grand chanteur. Il a donc compris ce bhava dans lequel se trouvait Mira, et il voulait tellement que son Maître vienne la voir. Ils étaient si contents qu’en partant, Akbar a touché les pieds de Mira et a déposé un collier de perles aux Pieds de la déité.

Quand Rana a appris cela, il est devenu si furieux, il se sentait déshonoré dans le fait que Mira n’ait rien dit. Mais pour un bhakta si humble, peu importe la religion dans laquelle on est, cela n’a pas d’importance pour ceux qui viennent aux Pieds du Seigneur. Il vous a appelé et qui suis-je pour vous arrêter ou pour dire quoi que ce soit ? Alors Rana a appelé Mira et lui a dit : ‘Tu es une honte à ma famille, tu devrais aller te noyer et ne plus jamais me montrer ton visage. Va te noyer.’

Alors Mira a pris cela comme un ordre, et elle s’est rendue à la rivière voisine, prête à se noyer, quand de derrière, une main l’a tirée ; elle ne s’est pas contentée de la tirer mais l’a totalement agrippée ! Quand Mira s’est retournée, elle a vu son Giridhari Bien-aimé et s’est évanouie. Quelques minutes plus tard, elle s’est réveillée et Giridhar Gopal la regardait en lui disant : ‘Ma bien-aimée, ta vie matérielle avec ton mari est terminée, ton devoir envers lui est accompli. Tu es à Moi.’ Et il lui dit : ‘Va à Vrindavan, va dans ces petites vallées et trouve-Moi là-bas.’ Mira se rendit donc sans tarder à Vrindavan où elle se promenait en chantant le Nom de Krishna. Et dans ce Vrindavan, elle a tout trouvé.

Maintenant, voyons Ramadasu. Avant de disparaître (en fait il a aussi disparu, il n’est pas mort), il voulait aussi se tuer parce que sa femme avait eu le darshan de Rama et pas lui. Se lamentant sur son sort, il est monté sur la montagne, a pris un couteau, prêt à se découper la poitrine. Au moment où il a enfoncé le couteau, cela a ouvert son cœur d’où Rama et Sita sont sortis. De la même manière que Mira n’avait fait qu’un avec son Bien-aimé, Ramadasu n’avait fait qu’un avec son Rama qui est partout.

Ce service aimant au Seigneur se poursuit, que ce soit pour Mira, pour Ramadasu ou pour tout saint ayant obtenu cette grâce du Seigneur. Et le dévot ne doit faire rien d’autre que son service, le mental focalisé sur les Pieds du Maître et de Dieu. Parce que chaque fois que vous demandez quelque chose, vous aurez une certaine façon de le voir : avec une certaine limite. Et puis vous irez dans votre imagination et tout ça. Non, contentez-vous de rendre votre service aimant au Maître et à Dieu, Il s’occupera du reste et prendra soin de vous.

3. Merci d’être avec nous de cette façon ! Il y a eu des moments dans le passé où ma relation avec le Seigneur me semblait plus intime qu’aujourd’hui, même si je reste constant dans ma sadhana. Est-ce que cela signifie que j’ai fait marche arrière sur le chemin ou est-il normal qu’il y ait une certaine variation dans la façon dont le cœur d’un bhakta se sent proche de Dieu à certains moments ou à certaines étapes de la vie ?

Encore une fois, cette question est similaire, et c’est normal. Parce qu’au début, très souvent les gens ont un certain enthousiasme lorsqu’ils s’engagent sur leur chemin spirituel, et c’est grâce à cet enthousiasme ; mais combien de temps pouvez-vous garder ce sentiment ? Vous ne le gardez pas !

Parce que vous avez votre routine quotidienne, vous devez continuer votre vie. C’est une réaction normale qu’au début vous puissiez ressentir fortement cette vibration, ce sentiment et toutes ces choses, mais que plus tard, cela diminue. Ce n’est pas que vous l’ayez perdue, ni qu’elle ait disparu ou se soit évanouie, non, elle est toujours là.

Cette relation d’amour est toujours là. Il n’y a jamais eu un seul moment où elle n’était pas là. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de maintenant, que vous l’ayez ressentie, elle ne surgit pas juste de nulle part mais doit bien venir de quelque part, non ? Alors, qui l’a mise là ? Depuis quand l’avez-vous juste là ? C’est seulement quand Bhagavan se révèle et dit : ‘il est temps maintenant, Je te ramène, tu M’appartiens’, qu’Il enlève ce voile qui sépare cette réalité de Lui-même, pour que vous puissiez Le sentir un petit peu.

Mais Le ressentir un petit peu, c’est comme vous donner un merveilleux bonbon à manger et vous en voulez plus ! Une fois que vous aurez goûté à Son amour, vous en voudrez encore plus. Mais pour en vouloir plus, il faut travailler. Vous devez vraiment transcender votre ego et votre orgueil car Il ne se donnera pas juste comme ça. Ce n’est donc que lorsqu’il n’y a plus d’orgueil et d’ego qu’Il se révèle.

4. Comment est-il possible que certaines personnes soient sur le chemin de la spiritualité, qu’elles semblent si dévouées, qu’elles fassent tant de choses etc et que d’un coup elles tombent tout simplement hors du chemin ? Quelle en est la raison et le but, et surtout, que pouvons-nous faire pour éviter que cela ne nous arrive ?

Oui, c’est une triste réalité ; très souvent on voit les gens faire cela. J’en ai dernièrement fait l’expérience aussi, pas en moi mais je parle de certaines personnes autour de moi qui m’étaient très chères, et c’est vrai, elles semblaient très spirituelles, très dévouées etc et pourtant, plus tard, elles montrent un aspect différent d’elles-mêmes.

Je pense que c’est une réaction humaine normale, parce que très souvent les gens qui sont sur le chemin spirituel aiment à prétendre être plus que ce qu’ils sont vraiment. Surtout si vous portez cette couleur orange ou d’autres couleurs, très souvent l’ego prend sa place ; et l’ego est très subtil, il est toujours dans un coin de la tête à danser. Ça peut arriver que ces personnes paraissent très saintes et très dévouées à leur chemin, mais vous voyez, le malentendu survient quand les autres les prennent comme exemple, et c’est ça qui est triste. Ils disent : ‘oh, il est comme ci’, ou ‘elle est comme ça, nous devrions les écouter’, ou ceci et cela. Non, il ne faut pas les écouter et vous ne devez pas les prendre en exemple. Il n’y a que le Maître à prendre comme exemple. Ce que votre Maître vous a dit, c’est ce que vous devez faire.

Si vous suivez la parole du Maître, vous ne tomberez pas. Cela n’arrivera que lorsque les gens commenceront à regarder ces gens en se disant ‘quelle grande personnalité’, à cause de la couleur de leurs vêtements ou combien ils paraissent dévoués. Ceux qui font cela ne suivent pas le Maître mais ils suivent ces gens-là.  

Donc si vraiment vous ne voulez pas tomber d’où vous êtes, il suffit de suivre ce que le Maître vous dit. Et aussi, une chose : c’est une façon de faire humaine et normale, vous savez ? Parfois, les gens tombent en disgrâce jusqu’à ce qu’un jour ils réalisent leur erreur et ils reviendront parce que la grâce de Dieu est très miséricordieuse.

Ne vous méprenez pas sur ce que je dis là, ne comprenez pas que Dieu ne les aime pas, ou que le Maître ne les aime pas. Non, le Maître les aime et prend soin d’eux. C’est juste qu’ils ne perçoivent jamais cela, ils voient seulement de leur point de vue personnel ‘je, je, je, mon, mon, mon et mien, mien, mien’. Et c’est ça le problème ; sur le chemin spirituel, vous devez supprimer ces trois choses. Surtout si vous êtes plus proche dans votre service, et surtout quand vous savez que les gens vous regardent comme un exemple, vous devriez faire très attention à vous-même là-dessus. Donc si vous êtes observateur envers vous-même, alors il n’y a pas de possibilité de tomber. 

Il y aurait beaucoup plus à dire à ce sujet, mais je pense que cela suffit pour l’instant.

Okay, Jai Gurudev tout le monde !