Paramahamsa Vishwananda nous rappelle régulièrement l’importance de la Bhagavad Gita. Une fois par mois, nous partagerons un éclairage sur la Bhagavad Gita pour vous aider à apprendre et à vivre ses enseignements. Dans l’article d’aujourd’hui, nous nous concentrerons sur le Chapitre 6, verset 18.

Auteur : Swami Kanjalochana

Lorsque le mental une fois maîtrisé repose uniquement dans le Soi, dégagé de tout désir matériel, on peut dire que l’on est bien établi dans le yoga

Bhagavad Gita, 6.18

Guruji parle sans arrêt de changer le mental, des manières de le transformer. Comment serait-il possible de développer la bhakti avec un mental aussi agité ? Si le mental n’est pas contrôlé et qu’il court en tous sens, pourchassant ce flot incessant de désirs, comment pourrions-nous le diriger vers Dieu ? Beaucoup disent : pratique la bhakti ! Mais comment faire, si l’on a un état d’esprit pareil ?

Si le mental est plein de désirs, de plaisirs matériels, de gratification de l’ego, de créer un trône plus confortable pour y asseoir notre fierté, alors il ne prendra pas trop plaisir à écouter des histoires divines, à chanter des kirtans, à offrir une puja, à étudier les Écritures, à méditer etc. On ne peut pas feindre la bhakti !

Guruji nous rappelle souvent de nous auto-analyser. Pourquoi est-ce si important ? Si l’on ne fait pas le ménage en grand, notre mental continuera de créer des détritus mentaux, des mauvaises herbes qui seront encore plus difficiles à déraciner. L’introspection nous permet non seulement de faire l’état des lieux mais aussi de donner de l’espace à Dieu. Dieu a besoin d’un sol bien préparé, une terre cultivée sur laquelle Il peut faire pousser de divines pensées.

Il faut que le mental soit épuisé jusqu’à capituler, ou bien convaincu que les pensées divines soient plus porteuses que les matérielles existantes. Une autre méthode consiste à l’abandonner en le mettant de côté autant que possible. Il est important de mentionner que l’abandonner ne signifie pas le tuer ou le supprimer en aucune façon, car cela pourrait s’avérer peu utile. Nous n’avons pas le pouvoir de le détruire et nous ne devrions pas le faire. Le mental a sa raison d’être et il nous a été donné pour une bonne raison.

Le mental, vaincu par épuisement, abandon ou conviction, est maintenant prêt à s’abandonner. Le mot abandon ne plaît pas beaucoup au mental égocentrique, mais le mental est déjà un expert de l’abandon – à toutes sortes de désirs égoïstes, aux objets sensoriels, à son identité d’ego – et, très fier de son pedigree, il est prisonnier de sa propre hypocrisie.

Il n’est pas nécessaire de tuer le mental, mais de le transformer ou de le rediriger – de désirs aux motifs égoïstes, vers les plus hautes aspirations divines. C’est ainsi que le mental deviendra notre meilleur ami et arrêtera d’être notre ennemi. Le mental finira par servir sa mission d’origine, s’appuyer sur Dieu et assister le Soi à rebrousser chemin jusqu’à Sriman Narayana.

Par conséquent, c’est une très bonne pratique de penser à Dieu autant qu’on le peut, de créer Son image dans notre tête, de L’appeler en répétant nombre de Ses noms et de sentir Sa présence dans notre cœur. Pour ce faire, Guruji recommande om namo narayanaya comme moksha-mantra (mantra libérateur). Nous libérons notre mental pour pouvoir l’utiliser à résider pour toujours auprès de Dieu. Il peut offrir sans interruption un service d’amour éternel au Seigneur.

Quand le mental tourne autour du Divin, nous pouvons véritablement nous établir dans le yoga – une incessante communion divine avec Sriman Narayana. C’est ce qu’est réellement le yoga. C’est ce qu’est la bhakti en fait. La Bhakti, ce n’est pas fantasmer sur les lilas du Seigneur, mais c’est véritablement aller à Sa rencontre.

Guruji a dit : « Quand, au travers d’une profonde méditation, on perçoit la véritable réalité, quand on a perçu et atteint cette béatitude en méditant sur Dieu ; une fois que Dieu a révélé cet aspect suprême de Lui-même en soi-même, établie intérieurement, l’âme ne peut plus aller s’échouer loin de la vérité spirituelle de son existence. Dans cet état, on perçoit cette unité et la joie perpétuelle, impérissable et la béatitude émanant de Dieu en soi. On est réalisé en Dieu, on est un vrai yogi et l’on n’est plus jamais désuni de Dieu. Quand la béatitude s’éveille en vous, elle se met à vous consumer, et pour toujours. Elle continuera de grandir. Cette béatitude n’en finit jamais… »