SATSANG DE LA NAVARATRI,
À l’ASHRAM SHREE PEETHA NILAYA,

02 OCTOBRE 2019

Lors de la quatrième nuit de la Navaratri, Paramahamsa Vishwananda a parlé de la Déesse Kushmanda. Son symbole est la courge qui représente la force de vie qui est infusée en toute chose et partout. Elle nous rappelle notre relation éternelle avec le Divin et l’objectif du vrai bonheur que nous procure le fait de Le servir.  

 

Jai Gurudev à tous !

Aujourd’hui, nous célébrons Kushmanda. Vous avez probablement remarqué qu’il y a de nombreuses courges sur l’autel. Pourquoi toutes ces courges ? Parce qu’Elle est la Déesse de la courge. En réalité, Elle est un rappel de la force de vie qui est imbibée en toute chose et partout. Une courge, c’est un fruit empli d’énergie. Si vous observez la façon dont la courge pousse : de n’importe où, d’une surface vraiment rugueuse, et elle s’étend toujours plus ; elle n’a pas besoin de grand-chose. C’est pour nous un rappel : nous provenons tous d’un même et unique endroit. 

Elle est un rappel de la force de vie qui est imbibée en toute chose et partout. 

Paramahamsa Vishwananda

Avant que tout ne soit manifesté, nous étions en Sriman Narayana. Par la manifestation, nous sortons de Lui pour expérimenter. Et à la fin de l’expérimentation, Il devient notre objectif et nous devons revenir à Lui. Ces graines qui ont été plantées ne sont autres que Lui. Les graines qui poussent d’un arbre magnifique donne de nombreux fruits n’est-ce pas ? Et en retour, lorsque les fruits tombent, ils retournent à la terre. Et une nouvelle fois le cycle entier se remet en route grâce à ces graines qui ont été plantées. C’est là l’énergie universelle qui domine tout, qui prévaut sur tout et en tout. Une personne dotée de cette sagesse réalisera cette réalité. 

Comment ça se fait que la Mère prenne soin de chacun d’entre nous, et ceci peu importe comment on est ? Vous avez déjà observé comment une mère prend soin de son enfant ? Celui-ci peut être tout sale, elle ne pensera pas un seul instant ‘Ah non, il est tout sale, je ne vais pas le prendre dans mes bras.’ Non, car peu importe comment est l’enfant, elle le tiendra toujours dans ses bras, elle le nettoiera, elle le nourrira pour ensuite le donner à son père.  Et c’est bien cela que fait aussi la Mère universelle, la Mère cosmique, la Bhakti même : Elle vous nettoie, vous purifie, et à la fin, Elle vous redonne à Giridhari en disant : ‘Voilà, c’est le Tien, occupes-Toi en !’ Mais la majeure partie, c’est Elle qui l’accomplit.

Notre mental est tellement assombri que nous ne pouvons pas percevoir cela.

L’histoire du corbeau orgueilleux

Il y a celle belle histoire que le roi Shalya a raconté à Karna avant la Guerre de la Mahabharata. Vous savez très bien que Karna avait un grand nombre de bonnes qualités, mais même avec tout ça, il a pris le côté de Duryodhan. Le roi lui disait, ‘Rien de bon ne pourra en sortir. Tu as tellement de bonnes qualités en toi, mais si ta compagnie n’est pas bonne, si tu as de mauvaises fréquentations, toi aussi tu seras corrompu.’

Ainsi, afin de changer son état d’esprit, le roi lui raconta cette belle histoire du corbeau.

Il y avait une île au milieu de l’océan (certainement comme l’Île Maurice) sur laquelle résidait un très bon et gentil homme d’affaires. L’homme d’affaires était très aimant, très soucieux et avait de nombreux enfants ; tous étaient également extrêmement cultivés, très aimants et très soucieux des autres. Chaque jour ils se retrouvaient tous ensemble pour partager leur repas. Ils s’asseyaient et discutaient ensemble ; à la fin du repas, un corbeau venait systématiquement manger les restes. Ce corbeau était très orgueilleux, il chassait les autres corbeaux qui venaient car il pensait être le seul à mériter toutes les bonnes choses. Et tous les jours c’était la même chose qui se passait. Le corbeau était tellement heureux, il pensait que le monde tournait seulement autour de lui. La fierté et l’arrogance ont pris le dessus sur lui. 

Un jour, un groupe de cygnes passait dans le ciel de cette île et tout le monde les regardait en soulignant combien ils étaient beaux, majestueux dans leur vol, avec leurs ailes si élégantes à chaque battement. En voyant cela, l’un des enfants de l’homme d’affaires dit, ‘Oh, corbeau, regarde comme ils sont magnifiques ! Je ne crois pas que tu puisses voler comme eux.’

Vous dites ça à une personne qui est convaincue d’être le centre du monde, c’est un grand challenge pour elle, non ? C’est choquant pour elle. Alors avec répugnance, le corbeau appela l’un des cygnes, et dit, ‘Hey toi, viens ici ! Je t’ai vu voler et j’aimerai te lancer un défi. Je veux voler avec toi et voir qui reviendra en premier.’ Le cygne accepta et dit, ‘Ok, j’accepte le défi.’ Avec beaucoup de fierté, le corbeau répliqua : ‘Tu sais, je connais de nombreuses manières de voler, je connais beaucoup de styles. J’ai beaucoup de style lorsque je vole.’ Le cygne dit ‘Ok, super.’

Arriva donc le moment pour le corbeau et le cygne de voler. Très vite, tous deux en sont arrivés à traverser l’océan. Le cygne volait avec une grande régularité, très calme et sans aucune perturbation, rien. Alors que le corbeau, lui, volait très vite, et une fois tout en haut il venait plonger en direction de l’océan la minute qui suivait. Il faisait un spectacle, montrant à quel point il était doué dans ses capacités de vol. Le cygne le regardait faire sans lui porter grande attention. Après un certain temps, alors qu’ils étaient en plein milieu de l’océan, le corbeau commença à se sentir fatigué – à présent qu’il avait fait son beau spectacle avec toutes ses démonstrations de styles. Il était fatigué et ne savait pas comment faire. Alors qu’il cherchait autour de lui en panique totale pour un lieu où s’arrêter, il ne voyait rien du tout. Où trouver un endroit où se poser au milieu de l’océan ? Il était tellement épuisé qu’il tomba dans l’eau. Et là, il demanda de l’aide. Le cygne rigola et vint à lui en lui disant : ‘Tu devrais m’apprendre ces styles pour voler. Je ne connais pas ces manières-là, je n’ai jamais vu cela !’ À cet instant, l’orgueil du corbeau était totalement fracassé. Il réalisa son erreur et demanda : ‘S’il te plaît, pardonne-moi. Ramène-moi, s’il te plaît.’ Alors, le cygne sortit le corbeau de l’eau et, avec calme, retourna à l’île le déposer.

Cette histoire a été racontée à Karna, pour qu’il puisse réfléchir à la raison qui le poussait à se battre dans le camp opposé, alors qu’il avait tant de bonnes qualités en lui.

Dans la bhakti, on doit être très sage car les récompenses que l’on reçoit sur le chemin spirituel ne sont pas de simples récompenses comme quand vous accomplissez quelque chose et que vous recevez autre chose en retour. La récompense reçue est éternelle, elle est infinie en elle-même. Ce n’est pas comme un acte accompli où l’on reçoit les mérites ; ça va bien au-delà. Souvent, les personnes accomplissent de très bons actes, mais ceux-ci les amènent seulement à un certain endroit ; et une fois que cet acte est terminé, vous devez revenir ici. Dans la Chandoghya Upanishad, il est dit qu’une fois que les mérites sont épuisés, et ceci même si vous êtes au Paradis, vous devrez revenir sur Terre. Vous voyez bien que ce n’est pas éternel ; la seule chose qui l’est, c’est quand on atteint le service d’amour au Seigneur. C’est quand une personne atteint cet amour du service pour Giridhariji que les récompenses deviennent éternelles.

Manu et sa femme ont médité pendant des milliers d’années dans un seul but : avoir la vision de Sriman Narayana. Et lorsqu’ils ont eu cette vision, Bhagavan leur dit : ‘Demandez-moi quelque chose.’ Et qu’est-ce qu’ils ont demandé ? ‘Laisse-nous Te servir éternellement. Laisse-nous servir Tes Pieds de Lotus éternellement.’ C’est la seule chose qu’ils ont demandée, ce qui amusa Sriman Narayana qui répliqua : ‘Vous avez fait tant de pénitences pendant toutes ces années, et vous voulez seulement Mes Pieds ?’ Nombre d’entre vous penserez : ‘Mais ils sont fous !’ N’est-ce pas ? Si vous aviez une lampe magique, vous auriez une liste tout entière ! Et alors vous diriez au génie : ‘Attends ! Deux minutes !’ Parce que vous auriez la liste complète à énumérer.

Mais dans le cœur d’un bhakta, il n’y a qu’une seule chose : les Pieds du Seigneur.

Un jour, un sage rencontra Rama qui lui dit : ‘Quelle bénédiction veux-tu ?’ Sa seule réponse a été : ‘Fais que mon cœur soit à jamais Ton refuge. Fais que mon cœur soit où Tu vis afin que je ne sois jamais loin de Toi et que Tu ne sois jamais loin de moi.  C’est de cette manière que je souhaite Te servir éternellement.’ C’est là la récompense de la bhakti.

La Déesse Kushmanda rappelle cette relation éternelle avec Dieu et le but du véritable bonheur : un bonheur qui ne finit pas, qui n’a pas de fin et qui ne connaît aucune misère, aucune peine. 

Paramahamsa Vishwananda

Revenons à Kushmanda : qu’est-ce que veut dire ‘kush’ en hindi ? Le bonheur. Kushi. Pour les personnes du monde, le bonheur c’est lorsqu’on obtient quelque chose. En obtenant ce qu’elles désirent, elles deviennent kushi : elles sont heureuses. Et si elles n’obtiennent pas ce qu’elles veulent, elles continuent de se battre. Mais qu’est-ce qu’elles y gagnent à la fin ? Elles deviennent misérables car elles voient que même ce qu’elles désirent ne leur apporte pas le véritable bonheur. Certes elles sont heureuses sur le coup mais c’est une version limitée du bonheur. Une fois que ce bonheur est utilisé, elles retournent à leur misère et cherchent encore une autre forme de bonheur. Et de cette manière, elles continuent encore et encore, un bonheur après l’autre. Elles se disent ‘Ah oui, je suis heureuse ; mais lorsqu’on regarde réellement leur vie, on voit bien qu’elles ne font que prétendre être heureuses. 

La Déesse Kushmanda rappelle cette relation éternelle avec Dieu et le but du véritable bonheur : un bonheur qui ne finit pas, qui est éternel et qui ne connaît aucune misère, aucune peine. 

Jai Gurudev !