Comme nous l’avons vu dans notre article ‘Le chemin spirituel hindou’, l’hindouisme est une foi qui défie toute définition de religion, telle qu’elle a été construite par les fois abrahamiques. L’hindouisme intègre une bibliothèque si vaste d’Écritures saintes que cela prendrait plusieurs vies de toutes les lire ne serait-ce qu’une seule fois, sans parler de les comprendre. Il rejette les revendications de vérité universelle et promeut au contraire un chemin d’évolution spirituelle dans lequel chacun ambitionne d’avoir une expérience directe de la Vérité.

Par conséquent, les philosophies et théologies potentielles sont nombreuses et variées. Ce qui conduit à se demander ce qui, le cas échéant, pourrait être commun aux nombreux chemins hindous. 

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Il existe sept piliers ou principes communs auxquels tous les hindous tendent à se conformer. En clair, ils acceptent tous ces concepts et acceptent qu’ils soient tous interreliés. Ce que cela signifie en principe, et la forme que cela peut prendre en pratique peut largement différer.

1. Atma

‘Un fragment éternel de Moi-même s’incarne en tant qu’être vivant – les jivas – au sein de ce  monde mortel. Il acquiert les cinq sens, et le mental, qui est le sixième, résidant tous dans cette nature matérielle.’Bhagavad Gita, 15.7

L’atma, ou l’âme, est la divinité-même du Soi. Ce point est tellement au cœur de toute philosophie hindoue qu’une grande partie de cette exploration a consisté en la recherche de cette Vérité. C’est le noyau-même de qui nous sommes. Dans la philosophie Vaishishta advaita, l’atma est une part infinitésimale de Dieu. Elle est identique à Dieu en qualité mais pas en quantité. C’est l’Amour pur et non altéré qui existe dans une relation d’amour éternel, perpétuel et toujours grandissant avec Dieu. Alors que dans la philosophie Advaita, l’atma est considérée comme l’égale de Dieu aussi bien en qualité qu’en quantité et tend à fusionner de nouveau dans la pleine conscience de cette réalité.

 

2. Samsara

‘Arjuna, quel que soit l’état dont on se rappelle en quittant le corps, c’est cet état qu’on atteindra assurément après la mort. Car la condition d’une personne est l’aboutissement inévitable de ce sur quoi elle s’est basée toute sa vie durant.’ Bhagavad Gita, 8.6

Le samsara, ou réincarnation, est le cycle des morts et des naissances. Nous naissons pour jouer certains aspects de notre karma, nous mourons, et notre âme prend un nouveau corps. Ce cycle se répète ad nauseum mais n’est pas éternel. Sa fin se trouve en moksha, ou la libération. Selon Comprendre l’hindouisme, ‘Chaque incarnation est une histoire, l’épisode d’un voyage cosmique bien plus grand. À mesure que nous parcourons ce voyage, nous apprenons et atteignons des états de conscience plus élevés. La vie n’est donc pas un test pour voir si nous choisissons le bon système de croyance, mais une expérience ; un processus au long cours de croissance et d’évolution.’

3. Karma

‘Renonçant aux fruits de l’action, le yogi atteint la paix éternelle. Mais celui qui s’attache aux résultats de l’action, poussé par le désir, est sujet à la servitude.’Bhagavad Gita, 5.12

Le karma est la loi cosmique de l’action-réaction. C’est la loi gouvernant le samsara, et le mouvement provoquant la vie, nous permettant de faire des expériences dans le monde jusqu’à ce que nous soyons libéré de notre karma grâce aux pratiques spirituelles et que nous atteignons la libération.

4. Moksha

‘Étant parvenus à la plus haute perfection et M’ayant atteint, ces grands êtres ne se réincarnent jamais plus dans ce monde, qui est temporaire et rempli de malheurs.’Bhagavad Gita, 8.15

Moksha signifie libération. Il s’agit spécifiquement de la libération du samsara, ou cycle des naissances et des morts. Nous nous libérons, ou nous sommes libérés par la grâce, de l’existence matérielle et nous atteignons la seule demeure ou le seul état éternel. La méthodologie pour y parvenir change selon les chemins et les traditions. Pour certains, on n’atteint moksha que par l’acte de s’abandonner et par la grâce aimante de Dieu. Pour d’autres, il s’agit d’investigation et de contemplation. Dans tous les cas, ces méthodes nécessitent toutes deux que le chercheur se détache du monde et dépasse l’influence du karma.

5. Dharma

Mais derrière la notion de dharma se trouve la compréhension que nous sommes tous égaux, puisque nous avons tous en nous l’atma divine, mais que nous ne sommes pas tous pareils. Nous sommes tous uniques et avons une raison d’être individuelle spécifique. Le challenge de la vie consiste à rester aligné(e) sur cette raison d’être à chaque instant. Cela exige de la lucidité, de l’acceptation, et une attention consciente de notre âme. ‘Comprendre l’hindouisme

Le dharma est un mot un peu étrange car il contient de nombreux sens. Dans sa traduction la plus littérale, il signifie ‘la bonne manière’, ‘le bon chemin’ ou ‘la bonne cause’. Son principe se construit sur la compréhension que tout dans l’univers possède un rythme donné et une raison d’exister. Il existe trois types de dharma :

  1. Le dharma de l’âme – qui consiste à atteindre moksha
  2. Le dharma de l’individu – la notion que chaque personne a son propre rôle à jouer et mission à remplir dans ce monde
  3. Le dharma de l’action – les douze piliers ou principes de l’action qui nous aident à savoir comment vivre.

 

6. Brahman

‘Il convient de méditer sur la Personne Suprême omnisciente. Le plus âgé et le suprême Contrôleur de tous. Sa forme est inconcevable, plus subtile qu’un atome, et préserve tout. Il est brillant comme le Soleil et par-delà toute noirceur.’Bhagavad Gita, 8.9

Pensez à Brahman comme à la réalité qui sous-tend toute chose. Il est le créateur, le fondement, et le gardien de tout ce qui existe. Brahman est la Vérité absolue que l’on cherche à vivre en conséquence de moksha. Dans certaines traditions, Brahman est impersonnel et sans forme. On ne peut attribuer aucune qualité ou caractéristique à ce Brahman. Dans d’autres traditions, Brahman est personnel et possède une forme, et même un nom, comme Narayana ou Krishna. Ce Brahman est le bienfaiteur et le dispensateur de grâce dans le monde et intervient activement au nom de ceux qui Le vénèrent.

7. Srishti (et Pralaya)

‘Au début d’un Jour de Brahmā, tous les êtres sont renvoyés du non-manifesté, et lorsque vient la Nuit, ils se dissolvent à nouveau dans l’état non-manifesté.’Bhagavad Gita, 8.18

Dans l’hindouisme, le temps est cyclique, pas linéaire. Pensez-y comme à une spirale, plutôt qu’un cercle. Les cycles se répètent mais ils peuvent varier entre eux. Srishti est l’acte de la projection – ce moment où toute la création est envoyée jusque dans le monde manifesté. Lorsque le cycle s’achève, pralaya, ou dissolution, a lieu. Quand cela se produit, toute la création se retire dans un état dormant, condensé.
Un verset les unissant tous

 


Ces sept principes constituent les concepts communs et partagés au sein de la foi hindoue. Comme annoncé, ces concepts peuvent être partagés mais leur signification peut largement varier dans la pratique. Le Rig Veda contient un verset spécifique qui soutient cette diversité dans l’unité. Il déclare : ‘La Vérité est une mais le sage en parle de multiples façons.’

Il existe de nombreuses manières d’interpréter la Vérité et on peut comprendre le chemin permettant de la démêler dans cette analogie des cinq hommes aux yeux bandés et de l’éléphant. L’histoire raconte que cinq hommes ont été conduits vers un éléphant, qu’ils ont eu l’opportunité de le toucher, et ainsi d’identifier de quoi il s’agissait. L’un trouva la queue et insista sur le fait qu’il s’agissait d’une corde. Un autre trouva sa patte et dit qu’il s’agissait d’un tronc d’arbre. Etc. Finalement, ils retrouvèrent la vue et virent l’éléphant. Néanmoins, ils l’avaient tous décrit différemment. Lors d’une expérience directe, ils avaient trouvé la Vérité (l’éléphant) mais en avaient parlé de maintes manières, ce qui le rendait facile à appréhender. 

 

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