QUESTIONS/RÉPONSES EN DIRECT DE VRINDAVAN,
À L’ ASHRAM SHREE GIRIDHAR DHAM,
30 MARS 2020
Dans le Satsang d’aujourd’hui retransmis en direct, Paramahamsa Vishwananda a répondu à des questions sur l’équilibre entre les qualités masculines et féminines, sur la façon dont Rama a accompli Son dharma, du fait de parler de notre chemin et d’être entouré de personnes qui ne sont pas sur le chemin spirituel.
Jai Gurudev tout le monde ! Encore une fois, bienvenue à Vrindavan !
Aujourd’hui, je voudrais tout d’abord vous souhaiter à tous un joyeux Yamuna Jayanti ! C’est le jour d’apparition de Yamuna Maharani. Et aujourd’hui, nous avons vécu une expérience amusante.
Tous les jours, nous faisions les prières avec tous les gens assis, et il y a certaines lois en ce moment à cause du Coronavirus que nous essayons d’appliquer, mais vous savez comment sont les gens. Alors nous étions tous assis très près les uns des autres et, bien sûr, la loi étant la même partout, il faudrait être à une certaine distance et seules quelques personnes peuvent être présentes.
C’était drôle, nous étions en train de célébrer Yamuna Jayanti en faisant un abhishekam au Yamuna Shila et nous avons eu la visite de la police : ‘Vous savez très bien qu’à cause du virus, vous ne devriez pas faire toutes ces choses’, et en fait c’était bien parce qu’ils faisaient juste leur travail, pour nous rappeler que nous ne devrions pas nous rassembler comme ça, même pour la prière. C’est incroyable, hein ? Mais vous voyez, pour des raisons de sécurité, c’est important car un Maître sikh est décédé il y a quelques jours. Il voyageait en Europe et est venu en Inde où il a fait le tour de 20 villages en donnant un Satsang et ainsi de suite, et il a infecté plus de 15 000 personnes ! Je pense que c’est pour cela qu’il est évident que le gouvernement prend des précautions. Mais c’était drôle qu’il n’y ait que deux personnes à l’intérieur pour servir Yamuna Maharani.
C’est un rappel qu’ici aussi tout le monde doit prendre le temps d’aller vers l’intérieur. Tout est donc devenu très calme partout, très shanti, shanti. On ne voit même plus personne aux alentours. Mais il y a quelque chose de très beau : on peut entendre le chant des oiseaux et c’est étonnant, parce qu’avant à Vrindavan vous n’entendiez jamais les oiseaux chanter. Et maintenant, vous les voyez voler, la nature s’épanouir… et c’est beau.
Je pense que les gouvernements de tous les pays, qu’il y ait ou non le Coronavirus, devraient mettre leur pays en quarantaine pendant deux semaines par an. C’est une idée, qu’elle soit bonne ou non, mais quand on voit comment est la nature ! Sans pollution ! J’ai demandé à des dévots de Delhi comment c’était là-bas, et ils m’ont répondu : ‘oh, nous avons un ciel bleu !’ – ce que je n’ai jamais vu à Delhi, et même eux n’avaient jamais vu ça – ils disaient : ‘c’est incroyable d’avoir un ciel bleu, l’air est plus frais et on peut respirer.’ Il en va de même ici à Vrindavan et cette période de l’année aurait normalement été terrible. Je me souviens l’année dernière, il y avait déjà de la pollution à Delhi et les gens portaient des masques – non pas à cause du virus, mais à cause de la pollution. Et cette année, les gens portent des masques pour une raison différente !
Et c’est quelque chose d’étonnant à voir pour ceux qui ont détruit le monde. L’esprit des humains – c’est terrible, surtout quand on voit la peur des gens. Ils traversent leur vie remplis de peur et quand vous voyez ce que ça leur fait, c’est un peu étrange. Ce qui l’est d’autant plus, c’est cette histoire de papier toilette : le phénomène du papier toilette. Les gens n’ont pas peur de ne pas avoir de nourriture mais ils ont peur de la façon dont ils vont nettoyer leur c** ! C’est comme si le Coronavirus avait créé quelque chose : ‘ah, maintenant j’ai décidé de c***r et pour cela j’ai besoin de beaucoup de papier toilette.’ C’est très bizarre, quel genre de peur est-ce là ? La peur du papier toilette. C’est un peu fou, non ? [rires] Ils sont tous en train de rire ici ! Dans les messages que je reçois tous les jours, il y en a toujours un sur le papier toilette ! [rires] C’est comme si tout le monde avait décidé : ‘maintenant, on va juste c***r et rien d’autre n’est important.’ [rires]. Désolé, mais… c’est drôle. Vous voyez ce que la peur fait dans l’esprit des gens.
En fait, vous n’avez pas à avoir peur. Détendez-vous. Comme Krishna l’a dit : il y a un moment pour naître et un moment pour mourir. La plupart des choses qui se passent, je pense que c’est surtout la peur dans l’esprit des gens qui fait que cela arrive. Alors, détendez-vous, prenez vos précautions et chantez le Nom de Dieu, chantez le Nom de Rama. Pendant cette période, on avance de plus en plus vers la naissance de Seigneur Rama. Je pense que nous en sommes au quatrième jour aujourd’hui, alors prenez ce temps pour méditer et lire sur la vie de Seigneur Rama. En particulier sur ce qu’Il représente ; vous avez le temps maintenant.
1. Comment pouvons-nous équilibrer les qualités féminines et masculines en nous ?
Ah, c’est une question que les gens se posent très souvent. Vous voyez, chez certaines personnes, la qualité féminine est plus forte alors que chez d’autres c’est la qualité masculine qui est plus forte. Donc, pour y apporter un équilibre il faut s’accepter tel que l’on est. Quelle que soit la qualité qui prédomine en vous, c’est ainsi que vous êtes.
Vous n’avez pas besoin d’être différent [de ce que vous êtes]. Vous voyez, si quelqu’un a un problème avec votre différence, alors il s’agit de son problème, pas du votre ; alors apprenez à vous accepter et en vous acceptant vous-même, vous serez libre. Vous comprenez ?
Le problème, c’est que très souvent nous nous préoccupons de ce que les autres pensent de nous et de leur jugement. 90 % de notre vie est passée à vivre de la manière dont les autres veulent que nous vivions notre vie. Alors, êtes-vous vraiment vous-même ? Non, vous n’êtes pas vous-même. Analysons cela : tout au long de votre enfance, on vous a enseigné comment vous deviez être, et si vous ne vous adaptiez pas à certaines normes, vous étiez considéré comme étant à part. Mais qui vous considère à part ? Est-ce vous ou les autres ? Les autres, la plupart du temps. Ainsi, 90 % de votre vie se déroule comme les autres veulent que vous viviez. Et comment pouvez-vous être libre de cette manière ? Vous ne pouvez pas parce que dans votre esprit vous avez cette perception du bien et du mal, mais comme l’a dit Shakespeare : ‘il n’y a rien de bon ou de mauvais, c’est la pensée qui le créé.’
La façon dont vous le percevez, dont vous vous voyez, détermine l’énergie qui prévaudra en vous. Chacun a ces deux qualités en soi. Il n’y a pas que le mâle pur ou la femelle pure, vous êtes une fusion des deux : mâle et femelle.
Dans la tradition hindoue, on dit que notre côté gauche représente la qualité féminine et notre côté droit la qualité masculine. Vous le voyez clairement chez la majorité des gens ; que vous soyez homme ou femme, votre côté droit est plus fort que votre côté gauche. Et vous verrez que les organes aussi, le cœur, qui est l’organe du sentiment, se trouve du côté gauche ; c’est donc le côté le plus sensible.
Lorsque vous vous observez vous-même, vous remarquez que ces qualités ne définissent pas qui vous êtes : que vous ayez une qualité masculine ou féminine prédominante, peu importe, vous n’êtes pas ces qualités. Vous ne devez jamais oublier cela ; vous êtes l’atma, et l’atma est au-delà de la qualité de genre. Vous ne pouvez pas dire : ‘cette atma est masculine et celle-ci est féminine.’ Non, l’atma est juste l’atma, il n’y a pas d’atma masculine et d’atma féminine. Dans certaines vies, l’atma s’est retrouvée dans un corps de femme et dans d’autres, l’atma était dans un corps d’homme. La question n’est pas de savoir de quel genre vous êtes, mais qui vous êtes. À quoi vous identifiez-vous ? Seulement au genre, homme ou femme, ou vous voulez vous réaliser, vous éveiller en vous détachant de cette illusion que le monde a créée ?
En tout premier, vous êtes l’atma et seulement ensuite, vous êtes un être humain. Peu importe comment Dieu vous a créé, Il vous a créé tel que vous êtes, et comme je l’ai déjà dit : il n’y a aucune imperfection dans Sa création. Il vous a créé parfait. Donc dès que vous apprenez à accepter que vous êtes tel que Dieu vous a créé, l’équilibre entre ces deux énergies se produit automatiquement, parce que vous vous acceptez. Au moment où vous avez cette acceptation de vous-même, plus rien ne peut vous déstabiliser.
Alors aimez-vous tel que vous êtes, acceptez-vous tel que vous êtes et soyez heureux d’être unique et que Dieu vous aime tel qu’il vous a créé.
2. Dans Votre commentaire de la Bhagavad Gita, Vous dites que Bhishma, Dhritarashtra et tous ceux qui ont assisté à l’humiliation de Draupadi avaient une compréhension déformée de leur dharma et de l’honneur de leur parole.
Mais pour moi, dans le fond Rama fait la même chose avec Sita. Connaissant sa pureté et sa fidélité, Il l’a chassée dans la forêt, enceinte de Ses enfants, juste pour respecter certaines règles et traditions. Bhishma et les autres sont critiqués, mais Rama est un exemple de droiture et de respect du dharma. Pourriez-vous m’expliquer cela ?
Eh bien on ne peut pas vraiment catégoriser Rama, Bhishma, Dronacharya et tous ces gens, dans la même catégorie, même s’ils semblent similaires. Vous savez, quand Rama a envoyé Sita dans la forêt, Il ne savait pas qu’elle était enceinte. C’est la première chose. Ensuite, Rama ne l’a pas fait pour Lui ‘oh pour préserver mon prestige je vais envoyer ma femme dans la forêt, celle-là même que j’ai cherché pendant 14 ans quand on l’a enlevé et que ça m’avait rendu fou.’
Pensez-vous que c’est dans cet état d’esprit qu’Il l’a envoyé loin ? Non ! Comme je l’expliquais il y a quelques jours alors qu’ils lisaient le Ramayana, combien il a été douloureux pour Rama de dire : ‘ma chère femme, je dois t’envoyer loin.’ Mais Sita savait que c’était pour le bien du royaume.
Revenons maintenant à Bhishma, Dronacharya et ainsi de suite. Eux étaient les grands-parents et Rama était un roi. Donc, à propos de Bhishma, comme vous le savez, avant cet incident avec Draupadi qui a été traînée à la cour, il avait promis à Duryodhana qu’il resterait toujours fidèle au trône et qu’il ne dirait rien. Krishna lui a rappelé cela et lui a dit : ‘Non, en tant que grand-père, vous pouvez manquer à votre parole. Quand vous devez protéger la dignité de quelqu’un, vous pouvez toujours révoquer ce que vous avez promis. Parce que ça va bien au-delà… c’est inhumain. Si vous voyiez qu’ils déshabillent ouvertement quelqu’un, vous resteriez assis là à regarder ? Ne réagiriez-vous pas ? Vous savez, en tant que grand-père, grand-oncle, aîné, vous auriez dû ouvrir la bouche et dire : ‘c’est mal’’. Mais il ne l’a pas fait, aucun ne l’a fait. Qu’est-ce qu’ils ont fait à la place ? Ils ont juste baissé la tête, complètement impuissants.
En comparant cela avec Rama ; vous connaissez l’histoire où Rama se promenait dans Son royaume et qu’il y avait ce laveur de linge dont la femme était partie avec un autre qui lui disait : ‘écoute, je ne suis pas aussi miséricordieux que Rama. Pour moi, tu es allée avec quelqu’un d’autre, alors c’est fini. Prends tes affaires et pars.’ Rama avait laissé Sita être avec Ravana pendant tant d’années, et pourtant, Il l’a reprise. Mais les gens oublient une chose – très souvent, les gens qui me posent cette question ne se rendent pas compte parce qu’ils n’ont pas lu le Ramayana dans son intégralité.
Vous voyez, la Sita qui est allée au palais de Ravana était une copie de la véritable Sita. Le premier clone, en fait ! Il se trouve que Rama, lorsqu’il était dans la forêt, a demandé à Agni Dev de veiller sur Sita. Ainsi, de l’ombre de Sita est sortie une autre image de Sita et c’est cette ombre de Sita qui est partie à Lanka et que Ravana a kidnappée. Mais très souvent, on ignore cette histoire, on ignore ce lila. Alors on dit que c’est Sita qui est allée là-bas alors qu’en réalité, c’est la copie de Sita qui est allée à Lanka.
Observons maintenant Ravana à Lanka. Ravana regardait Sita de manière totalement lubrique, il voulait en fait épouser Sita et l’avait kidnappé pour cela. Mais la première fois qu’il a voulu poser la main sur Sita, une voix lui a dit : ‘Si jamais tu la touches, tu mourras.’ Et Ravana s’en et tout le temps souvenu ; vous savez, Ravana n’était pas une mauvaise personne qui la traitait très mal. Quand Sita était dans le jardin d’Ashoka, Ravana venait voir Sita tous les jours et essayait de lui faire des avances, mais il ne la forçait jamais. Qu’en serait-il aujourd’hui ? Aujourd’hui, pauvre Sita, pardonne-moi, mais elle aurait probablement été violée ; Mais non, Ravana n’a pas fait ça. Il aurait pu, il était très puissant, il aurait pu lui sauter dessus et faire ce qu’il voulait pour se satisfaire. Mais non. Il a essayé tant de fois d’impressionner Sita, de l’effrayer en lui disant qu’il avait tué Rama, et par une certaine illusion il a même ramené la tête de Rama. Mais bien sûr, Sita, même si celle-ci n’était que l’ombre de Sita, était entièrement absorbée par le souvenir de Seigneur Rama.
Après que Rama ait tué Ravana, ils ont amené Sita. Et là on s’attendrait à ce que Rama soit tout heureux, qu’Il court comme dans les films Bollywood et qu’Il saute dans les bras de Sa bien-aimée qu’Il est venu chercher. Mais non, ça ne s’est pas passé comme ça ! À ce moment-là, Rama a dit : ‘attendez !’ Tout le monde était choqué. Rama a continué : ‘Elle doit passer par Agni Pariksha.’ Ce qui signifie : si Sita avait été une épouse infidèle en étant dans la demeure de Ravana pendant toutes ces années, si elle avait été salie, elle aurait brûlée. Alors ils ont fait ce bûcher et, bien sûr, tout le monde en était choqué et se demandait pourquoi Rama parlait comme ça. Sita s’est assise sur le bûcher et quand on alluma le feu, Agni Dev, le Dieu du feu, est apparu ; et avec lui, il y avait une autre Sita. À ce moment-là, l’ombre de Sita a disparue et Agni Dev a déclaré : ‘Rama, prends Ta femme. Elle est chaste et pure. Ravana n’a jamais posé la main sur elle.’ Je veux dire, même s’il l’avait kidnappée, tirée et traînée, Ravana n’avait jamais posé la main sur elle d’une manière perverse.
Donc vous voyez, Sita a été ramenée à Rama en étant chaste, et elle le savait. Quand Rama l’a envoyée dans la forêt après avoir entendu ce que les gens disaient, ce n’était pas par joie mais parce qu’Il voulait donner l’exemple. C’est pour cette raison que le cœur lourd, Il a demandé à Lakshmana de l’emmener loin, mais Il ne savait pas que Sita était enceinte. Puis vous connaissez l’histoire de Ses fils Luv et Kush, comment Valmiki a pris Sita dans son ermitage et ensuite comment Sita a été rappelée à Rama et ainsi de suite.
Mais quand on analyse vraiment la vie de Rama, pourquoi dit-on que c’est un exemple ? Par rapport à la façon dont Il a géré toutes les affaires de Son royaume. Avant de penser à Lui-même, Il pensait toujours à Son peuple et jamais à Son trône. Vous savez, s’Il pensait à Son trône, Il se serait déjà battu lorsque Dasharatha lui a dit de s’exiler pendant 14 ans. Mais non, Il ne pensait pas à Son trône, Il ne le protégeait pas ; Il protégeait seulement Son dharma en faisant ce qui devait être fait pour le bien-être de la société. C’est pour cette raison que pour Lui, le fait de renvoyer sa femme n’avait rien à voir avec Sa réputation, c’était pour Son royaume, pour donner l’exemple.
Alors que Bhishma et Drona ne donnaient aucun exemple, ils étaient juste impuissants, ils s’étaient rendus eux-mêmes impuissants. Quel était leur travail à tous ? L’un faisait son propre travail pour le bien de son peuple, les autres essayaient juste de protéger leur propre réputation.
Il y a donc une grande différence entre les deux.
3. Souvent, lorsque je parle de notre chemin Vaishnava avec les gens, je constate que j’ai souvent tendance à couper ou même à cacher certains enseignements pour les rendre plus acceptables aux yeux des gens mais après, je ne me sens pas bien. Que me conseillez-Vous de faire ? D’adapter les enseignements aux gens ou simplement de dire ce qu’il en est correctement ?
Écoutez, tout d’abord, lorsque vous vous approchez des gens et que vous voulez parler de votre chemin, comme je l’ai dit il y a quelques jours, vous devez le présenter de manière à ce que la personne puisse comprendre. Cela ne signifie pas que vous devez cacher que vous êtes hindou et que vous êtes sur un chemin Vaishnava. Ce que vous devez dire, formulez-le de façon à prendre la personne d’où elle est et ce qu’elle peut comprendre en lui révélant ce que vous voulez vraiment lui donner. Emmenez-la en voyage à partir de son point de vue, de la façon dont elle voit les choses pour l’emmener à la façon dont vous voyez les choses.
Et donc vous n’avez pas besoin de vous sentir mal si c’est la première fois que vous parlez de votre chemin spirituel, c’est normal. Très souvent, les gens se sentent un peu mal à l’aise, ils se disent ‘Comment faire ? Si je m’ouvre totalement, ils vont penser que je suis fou.’ Sachez aussi une chose, c’est qu’en commençant à parler du chemin Vaishnava, si vraiment vous le connaissez, il y a certains concepts qui leur sont complètement étrangers et ils ne comprendront pas de quoi vous parlez. Et là au lieu de véritablement les encourager à suivre la voie spirituelle, vous pouvez les décourager parce que ce sera trop pour eux.
Pour cette raison, il faut aller lentement et parler leur langage. Emmenez-les dans ce voyage jusqu’à ce que vous puissiez vraiment leur donner ce que vous avez en vous. Mais pour cela, une chose : vous devez vous éduquer. La connaissance est importante et chaque jour je vous le rappelle. Sans quoi, ce sera difficile.
4. Dans le chemin spirituel, on nous enseigne qu’il est bon de passer du temps avec des personnes qui partagent les mêmes idées et qui sont sur la même voie spirituelle. Cependant, certains de mes amis les plus proches ne sont pas sur le chemin spirituel et ils ne sont même pas végétariens. J’ai l’impression que ces personnes sont plus authentiques et meilleures que celles qui sont réellement sur le chemin spirituel. Est-ce mauvais de ressentir cela ?
Non, ce n’est pas mauvais. En fait, moi aussi j’ai déjà dit avoir rencontré de bonnes personnes sur le chemin spirituel, mais j’ai aussi dit y avoir rencontré les pires. Ce qui est triste sur le chemin spirituel, c’est que souvent les gens aiment prétendre qu’ils sont très saints et qu’ils sont supérieurs aux autres.
Mais c’est un danger, en fait. Parce que lorsque l’orgueil spirituel surgit, c’est là que l’on tombe encore plus bas. Je ne trouve pas qu’il soit mal que vous ayez des amis et des personnes qui vous sont chères, qui pourtant ne sont pas sur le chemin spirituel, qui ne comprennent pas ce dont il s’agit ou qui ne sont même pas végétariens, mais sachez une chose : vous êtes la lumière qui brille dans l’obscurité. Très souvent, les gens sont assis dans l’obscurité de l’ignorance et n’en savent rien. Mais en étant proche d’eux, vous pouvez partager ce que vous avez en vous, que ce soit directement ou indirectement.
Tout d’abord, je dirais que vous devez devenir fort dans votre chemin spirituel, parce que vous semblez être dans l’environnement ou en compagnie de personnes qui partagent les mêmes idées. Mais si vous n’êtes pas assez fort, tôt ou tard vous retomberez, que vous le vouliez ou non parce que votre faiblesse intérieure vous rattrapera. Et c’est à cela qu’il faut faire très attention.
C’est pour cette raison que l’on dit que si vous êtes sur le chemin spirituel, soyez parmi des gens qui partagent les mêmes idées que vous ; ce qui veut dire : tout d’abord, renforcez-vous. Devenez fort sur votre chemin, devenez fort dans votre but, dans votre effort spirituel, puis allez aider les autres.
Tant que vous n’êtes pas fort, une petite tentation vous fera reculer. Et je l’ai vu à maintes reprises, y compris avec des gens qui ont été initiés. Ils disent : ‘nous sommes dévots, nous portons le kanti mala’, et puis vous les voyez sur leur page Facebook avec une bouteille de vin alors qu’ils devraient savoir très clairement que ce n’est pas correct.
Vous voyez, quand ils ne sont pas forts, ils retombent dans leurs vieux samskaras ; il faut donc d’abord devenir fort. Il faut que vous soyez vraiment ancré dans votre foi, ancré dans votre discipline. Cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas dire ‘bonjour’ à votre ami et que vous ne pouvez pas boire un thé ou autre chose avec lui. Vous pouvez le faire, mais n’y accordez pas beaucoup d’importance tant que vous n’êtes pas assez fort pour partager votre vie spirituelle car sinon vous retomberez de là où vous êtes.
Comme l’a dit Krishna au chapitre 3 verset 9 : « Dans ce monde, quoi que nous fassions, nous créons du karma, mais il y a certaines choses que nous faisons dans un état de sacrifice qui devient la libération. Cela vous libère. » Quoi que nous fassions dans ce monde, c’est à travers notre mental, n’est-ce pas ? Et quand nous le faisons, nous nous attachons aux choses. Par l’attachement que nous recevons, nous construisons un mur si grand que ce que nous avons à l’intérieur ne brille pas. Si vous êtes sur votre chemin spirituel, vous êtes ici pour apporter quelque chose de plus profond, de plus grand. Vous n’êtes pas ici pour créer des choses karmiques supplémentaires qui vous feront tomber mais vous êtes ici pour être libre. Mais comment seriez-vous libre si vous êtes faible dans votre esprit et votre foi ? C’est très difficile.
Vous devez donc d’abord comprendre que tout ce que vous faites, vous le faites pour le service du Seigneur. C’est un état d’esprit grâce auquel, si vous y parvenez, vous ne créerez aucun attachement, aucune dégradation parce que vous devenez une telle présence que vous ne serez là que pour élever. Si votre présence ne peut pas transformer quelqu’un, cela signifie que vous devez vous renforcer encore ; vous devez devenir plus fort sur votre chemin.
Il y a une belle histoire d’un tel sacrifice, d’une telle façon de servir tout en étant dans le monde en se rappelant sans cesse que tout ce que Dieu nous a donné ici n’est que pour Son plaisir, pour Son service, et que notre vie elle-même n’est qu’à Son service.
Comme nous parlions de Rama un peu plus tôt, c’est l’histoire de Raghu (Rama vient de la dynastie Raghu), un grand et merveilleux roi. Après avoir terminé son devoir de roi, il a décidé : ‘bon, tout ce que j’ai fait n’était pas pour moi personnellement mais pour la société, pour Dieu, parce que tout ce que j’ai fait n’était qu’un service. Tout ça m’a été donné, et je dois le Lui rendre.’ Il comprenait que sa vie elle-même n’était qu’une vie d’abandon, une vie de rappel constant qu’il était ici pour servir Dieu, et que tout ce qu’il avait fait était pour Dieu.
Après avoir terminé son service, il a décidé de faire un sacrifice, un yagna ; ce yagna-là était destiné à rendre à la société tout ce que l’on possède.
Après le yagna, il a donné toutes ses possessions à son peuple, il s’est habillé d’un bout de tissu, s’est pourvu d’un bol à mendier et il est parti. Ainsi, en partant, il a commencé à mendier pour manger. Vous voyez, un roi qui avait tout… Raghu se disait que c’était comme l’eau : l’eau arrive, elle est sur la Terre, elle s’évapore, elle monte sous forme de vapeur d’eau vers le nuage, elle se condense et elle revient sur la Terre sous forme d’eau, sous la forme de pluie.
Il se souvenait que tout ce qu’il avait reçu ici dans ce monde n’était destiné qu’au service. Il était juste là pour s’en occuper, comme un manager le ferait, pour gérer et uniquement cela, mais qu’ultimement, tout appartenait à Dieu. Ainsi, il a tout quitté et il est parti.
Un beau jour, alors qu’il mendiait et qu’il se sentait fatigué, il s’est couché près d’un arbre. En s’allongeant, il a entendu des gens parler. Certains disaient : ‘Comme le Roi Raghu est grand, il a renoncé à tout juste comme ça et il est parti. C’est tellement beau, tellement merveilleux. Vous savez, nous avons un roi exceptionnel.’
Raghu est allé vers eux et leur a dit : ‘qu’est-ce que vous racontez sur ce Raghu ?’
Évidemment, le peuple n’a pas reconnu que c’était le roi lui-même devant eux car il était habillé comme un mendiant, alors ils ont répondu : ‘pourquoi dites-vous cela sur un ton pareil ?’
‘Oui, je le dis de cette manière. Pouvez-vous aller demander à votre roi avec quoi il est venu qu’il puisse prétendre avoir donné ? Allez et dites cela à votre roi. Votre roi est né avec les mains vides!’
Comme l’a dit Krishna dans la Gita, vous êtes né les mains vides. Tout ce que vous avez pris, vous l’avez pris de ce monde et vous devrez tout laisser dans ce monde.
Le roi Raghu, sous la forme du mendiant, a continué : ‘Allez demander à votre roi ce qu’il a apporté dans ce monde auquel il a renoncé.’
Donc vous voyez, tout ce que nous prenons, nous le prenons d’ici, et tout restera ici. Mais si vous pouviez transformer la vie de quelqu’un, si vous pouviez faire une différence dans sa vie d’une meilleure façon, le rapprocher du Divin – oui, comme la question précédente que Swami Revati posait : si je ne peux pas parler de mon chemin spirituel directement à la personne, je dois d’abord parler son langage, mais je me sens mal à l’intérieur. C’est la même chose : il n’y a pas de mal à être parmi des gens qui sont vos amis et qui ne sont pas végétariens, etc mais rappelez-vous constamment où vous êtes, où vous vous tenez et ce que vous pouvez leur donner. Ce que vous devez faire, c’est vous renforcer intérieurement. En devenant fort intérieurement, rien ne peut vous faire bouger, rien ne peut vous ébranler. Vous serez tellement ancré que vous commencerez à transformer la vie de ces personnes.
Parce que vous savez, en tant que dévot, vous brillez différemment, votre action est différente, et vous avez une certaine lueur en vous qui est complètement différente de celle d’une personne ordinaire. Une personne ordinaire, par peur de la vie, par le fait de vouloir ceci, de vouloir cela, a une compréhension différente, donc elle n’a pas cette lueur qui brille en elle. Comme je l’ai dit plus tôt, ces personnes ont construit un mur si épais que même la lumière de l’Atma ne peut pas le traverser et elles ne peuvent même pas en avoir un aperçu. Alors qu’en tant que dévot, vous avez un aperçu. Par la grâce du Seigneur, par la grâce du Maître, vous avez eu cet aperçu dans votre vie qui mène à sa transformation même.
Alors devenez plus fort ; et c’est vrai, très souvent vous percevrez que les gens du monde sont plus joyeux, plus heureux et plus compréhensifs que les gens spirituels. Parce que les gens spirituels se sont enfermés dans une boîte étroite en pensant qu’ils sont si spéciaux. C’est pour ça qu’ils n’ont pas vraiment compris ce qu’est la spiritualité. Parce que quand vous dites être spirituel, normalement vous avez une façon plus large de voir la vie, de comprendre les gens, et il n’y a pas de jugement.
Malheureusement, sur le chemin spirituel, on rencontre de nombreuses personnes avec ces qualités opposées, tandis que celles qui sont dans le monde ont la qualité d’être plus compréhensives et plus heureuses. Mais ces gens-là sont-ils vraiment heureux ? Ont-ils vraiment une compréhension de la vie en elle-même ? Je ne pense pas. Ils sont encore en train de chercher. Et si Dieu vous a amené à eux, je vais vous le demander encore une fois : devenez plus forts afin de pouvoir partager ce que vous avez en vous.
Jai Gurudev !
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