QUESTIONS/RÉPONSES
EN DIRECT DE L’ASHRAM SHREE PEETHA NILAYA,
6 AVRIL 2020
Le Satsang d’aujourd’hui présente les réponses de Paramahamsa Vishwananda sur la différence entre ‘s’abandonner’ et ‘prendre refuge’, le fait de participer à d’autres pratiques spirituelles, la luxure, le jeûne et que faire si notre épouse/époux est effrayé(e) par notre chemin spirituel.
Jai Gurudev tout le monde !
Bienvenue à SPN, Shree Peetha Nilaya.
Alors aujourd’hui – eh bien, il ne se passe pas grand-chose ici, parce que nous sommes en quarantaine. Je me disais que je devrais probablement commencer à écrire parce que j’avais l’intention de faire un commentaire sur le Narada Bhakti Sutra, alors peut-être que je vais commencer à le faire.
À part cela, j’ai reçu beaucoup messages où les gens commencent à s’interroger sur beaucoup de choses qui se passent actuellement dans le monde. Si c’est réel ou non, s’il s’agit d’une conspiration. Mais nous n’allons pas aborder ce genre de choses car cela joue beaucoup sur le mental. Comme je l’ai dit, à part être positif, vraiment on ne peut rien faire, qu’il s’agisse d’une conspiration ou non. Ce qui est en train de se passer, nous pouvons seulement supposer que c’est réel.
Une autre chose, c’est qu’en observant tout particulièrement Mère Nature, nous devrions être vraiment heureux de ce qui se passe. Je ne parle pas de tous les chiffres que les médias ont donnés, mais je parle de regarder à quel point Mère Nature est merveilleuse, et vous pouvez voir qu’Elle sourit. Elle dit : ‘j’attends cela depuis longtemps. Je vous ai envoyé une série d’événements pour vous rappeler que vous devez vous calmer, ce que vous n’avez jamais fait.’
Que le virus soit réel ou non, cela n’a pas d’importance mais quand on voit ce qui arrive à la nature, la façon dont elle s’épanouit, c’est vraiment magnifique. Vous savez, même en étant à l’intérieur, c’est vraiment beau de voir cela et de voir que les gens prennent vraiment du temps pour eux-mêmes, qu’ils vont plus profondément à l’intérieur d’eux-mêmes et ne se contentent plus de courir après quelque chose d’extérieur. Il est temps maintenant de prendre du temps pour courir à l’intérieur ; et c’est ce qui se passe dans la vie de beaucoup de gens en ce moment qui ont le temps de plonger dans leur conscience. Bien sûr, au début ce n’est pas si facile, mais quand ils arrivent au moment de l’acceptation, alors cela devient facile. Tant que nous acceptons les choses, notre point de vue se transforme et il devient si positif et inspirant. Quand nous jugeons, critiquons, là c’est une autre affaire.
Alors, que ce test soit une inspiration pour aller dans la conscience, pour aller dans le Soi et pour mieux se connaître. Prenez le temps d’apprendre à vous connaître : ce ‘vous’ dont vous n’avez jamais pris soin. Et ce parce que le monde est tellement occupé à courir après des choses que vous connaissez ou que vous ne connaissez pas. Il y a quelques jours, j’ai raconté l’histoire d’un chien qui court toujours derrière la voiture. De la même manière, le mental a toujours été occupé à courir après des choses futiles, il est temps maintenant de courir vers vous-mêmes et de vous redécouvrir. C’est ce que nous permet de faire la nature, c’est là toute la beauté de ce moment. Tous les ans, vous prenez le temps de partir en vacances pour vous détendre, pour faire plein de choses. C’est une période où la nature se détend aussi, où elle prend des vacances loin de la pollution, des gaz d’échappement de votre voiture, de tant de choses. Voilà, et c’est très beau, ce serait bien que les gens apprennent de cette situation maintenant et non pas plus tard, lorsque le Corona aura disparu ou qu’ils auront trouvé un vaccin ou autre chose, et qu’ils retournent ensuite à leurs petites habitudes.
Nous devons vraiment apprécier ce que la nature nous donne. Et ce serait bien (c’est mon idée, mon point de vue) si le gouvernement mettait en place chaque année un confinement, une quarantaine, mais sans aucune crainte, sans aucun virus, sans rien, juste pour que le monde puisse respirer, sans aucune pollution ou quoi que ce soit. Laissons le monde prendre des vacances lui aussi, tout comme vous, vous allez en vacances. Alors nous sommes tous en vacances, nous prenons tous le temps de nous détendre, tout comme Mère Nature qui peut aussi prendre le temps de se détendre.
1. Quelle est la différence entre sharanagati (abandon) et prapatti (se réfugier ou s’abriter) ?
Lorsque vous vous réfugiez aux Pieds du Maître, prapatti, vous dites : ‘je ne prends pas cette responsabilité, c’est Toi qui as cette responsabilité’, alors que dans sharanagati, vous dites ‘je me donne complètement à Toi. Il n’y a plus de moi, il n’y a que Toi.’ Même si cela sonne pareil et que les deux relèvent de l’abandon, dans l’un le ‘je’ est toujours présent et dans l’autre le ‘je’ disparaît ; c’est seulement Toi qui existe.
Quand on parle de sharanagati, il ne s’agit pas d’un simple mot car ce n’est pas juste ‘Bhagavan, je suis abandonné à Toi.’ Non, quand vous prenez refuge, quand vous vous abandonnez au Seigneur, Il devient tout pour vous. Hier, nous donnions l’exemple de l’esprit des gopis et de leur fonctionnement ; il ne s’agissait pas seulement d’elles, elles ne pensaient jamais à elles-mêmes mais toujours au Seigneur.
Alors que dans prapatti, ‘je prends refuge’, il y a une action de ‘je’ qui s’abandonne à Toi. Ce ‘je’, ‘je m’accroche à Toi’, tout comme un enfant qui tient la main de son père ou de ses parents, ‘je m’accroche à Toi et Tu t’accroches à moi.’ Mais imaginez que vous tenez la main du Seigneur, cela signifie qu’à tout moment vous pourriez aussi la lâcher et vous enfuir. Lorsque l’enfant tient la main de son père et que, sans raison, il la lâche et qu’il tombe, à qui la faute ? Ce n’est pas la faute du père mais de l’enfant parce que vous savez, en donnant la main, vous devez vous y accrocher. Et c’est la même chose pour le Seigneur.
Dans sharanagati, vous dites : ‘Non, je me donne complètement à Toi, Tu me tiens, Tu me portes.’ Si le Seigneur vous porte, il n’y a aucune chance que vous tombiez. Voici donc sharanagati. Mirabai a dit : ‘Mere to Giridhara Gopal dusro na koi’ : ‘Toi, Giridhar, mon Giridhar Gopal, il n’y a personne d’autre que Toi. Je me donne entièrement à Toi’, ‘mais j’ai cette focalisation sur Toi, il n’y a personne d’autre que toi.’ Et c’est ce genre d’abandon-là qu’il faut avoir.
Lorsque nous parlons d’abandon, nous parlons de cette focalisation, de ce mental concentré sur une seule chose, et ceci quoi qu’il arrive. ‘Tu es mon seul refuge, rien d’autre. Le monde n’existe pas, il n’y a pas de mère, de père, d’enfants, de choses matérielles, il n’y a rien. Toutes les autres choses sont secondaires, mais Toi, Tu es le Suprême et Tu es le seul, rien d’autre n’existe, pas même moi.’
2. Si nous pratiquons notre sadhana quotidiennement et suivons tous Vos enseignements du mieux que nous pouvons, est-ce mauvais de participer à une pratique spirituelle autre que celle de Bhakti Marga ? Par exemple, la Méditation Mondiale ? Quelle est Votre position sur la participation à d’autres pratiques et rassemblements spirituels ?
Je n’ai aucun problème avec cela. Je ne suis pas un dictateur, je n’ai jamais dit que vous avez juste à pratiquer cela. Non, tant que vous êtes clair sur votre chemin. J’ai dit à plusieurs reprises que tant que vous êtes clair sur votre chemin, que vous savez à quoi vous appartenez, à qui vous appartenez, bien sûr, vous pouvez participer.
En tant que dévot, lorsque vous participez à d’autres choses, vous devez également apporter ce que vous avez à l’intérieur et le partager avec les autres. C’est là le rôle d’un dévot : pas seulement de garder pour soi ce que l’on a reçu mais de le partager pour que les autres aussi puissent y goûter un petit peu. C’est une bénédiction que vous portez par votre initiation, par votre chemin et par la sadhana que vous pratiquez.
C’est comme si vous goûtiez un bonbon, un rasgulla. C’est si bon, si juteux, et s’il y a des gens autour de vous, vous aimeriez le partager avec eux, non ? Vous ne pouvez pas le garder pour vous. Lorsque vous chantez le Nom du Seigneur, vous devez partager cette douceur que le Nom de Bhagavan a, ce pouvoir qu’Il a, car rien ne L’égale.
Partager cela avec d’autres les aide. Mais comme je l’ai dit, si vous voulez participer à d’autres activités que celles de votre chemin, vous devez être fort. Vous devez comprendre clairement pourquoi vous allez là-bas. Donc, il n’y a rien de mal à participer et aussi à propager, tant que vous êtes clair, alors vous pouvez le faire.
3. Qu’est-ce que la luxure ? Comment la vaincre ? Quelle en est l’approche saine ?
La luxure, c’est un désir. Très souvent, les gens lascifs brûlent d’envie pour quelque chose et bien sûr, ça passe très souvent par le côté sexuel. Mais en réalité, la luxure n’est pas seulement une question de sexe. Parce que vous savez, combien de fois allez-vous avoir des rapports sexuels ? Vous ne pouvez pas faire l’amour toute la journée. Cette énergie refoulée à l’intérieur agit de manière très lascive. Quand on observe la luxure et quelqu’un qui est vraiment amoureux, il s’agit de deux choses différentes, parce que dans la luxure il y a un jeu de pouvoir. Il y a ce ‘je t’impose mon pouvoir, je te montre ma force et je l’exerce sur toi.’ Voici la luxure, et la luxure est pleine de désir. Pensez-vous qu’en satisfaisant ce désir de luxure, il s’achève ? Non, il ne cesse de croître.
Il faut savoir si c’est vraiment de la luxure ou de l’amour. Parce que lorsque deux personnes partagent quelque chose d’intime, elles partagent aussi une partie d’elles-mêmes ; elles partagent l’amour entre elles. Et ce n’est pas de la luxure, parce que la façon dont vous abordez cet amour et la luxure sont deux attitudes différentes, ce sont deux objectifs différents. Très souvent, les dévots viennent me voir en me disant : ‘oh, Guruji, j’ai ce désir en moi. J’ai ce désir de faire l’amour avec mon/ma partenaire’. Puis ils rajoutent : ‘mais je me sens coupable.’ Non, vous n’avez pas besoin de vous sentir coupable, vous avez pris un certain chemin où vous êtes avec cette personne. Vous vous aimez et vous ne faites que partager cet amour entre vous, vous ne pouvez donc pas appeler cela de la luxure. Parce que dans la luxure, une fois le désir satisfait, cette personne disparaît de votre vie au moment où elle a obtenu ce qu’elle veut. C’est comme une aventure d’un soir. Donc c’est juste pour satisfaire ce désir et une fois que c’est fait, il disparaît. Un karma très lourd est attaché à la luxure. Plus ce désir de répondre aux désirs inférieurs est fort, plus la réaction karmique est forte. Vous ne verrez probablement pas la réaction de ce karma maintenant, mais vous la verrez plus tard. Ainsi, en vous fiant à vos sentiments, différenciez si c’est de la luxure ou de l’amour.
4. Il existe de nombreuses informations sur la façon de jeûner pour Ekadashi. Que recommandez-Vous ? Qu’est-ce qui est permis de manger ou de boire, et qu’est-ce qui ne l’est pas ?
Ici, quand nous jeûnons – enfin, moi je ne jeûne pas trop pour Ekadashi, mais quand les dévots jeûnent, je leur demande normalement de juste boire. Nous l’avons porté à un autre niveau, car ici, quand les swamis et les prabhus jeûnent, c’est sans manger. Voilà comment nous procédons. Quand nous jeûnons, nous jeûnons sans aucune nourriture.
Bien sûr, il y a différents chemins où il y a de la nourriture pour Ekadashi, sans céréales ou sans certaines choses. Vous pouvez suivre cette voie aussi, l’une ou l’autre. Ce qui est le plus important dans Ekadashi, c’est l’élévation de votre mental et de votre conscience. Ce n’est pas tant la nourriture elle-même, mais c’est cette conscience. Vous savez, que vous mangiez ou que vous ne mangiez pas le jour d’Ekadashi, si votre attitude reste la même, alors rien ne change.
Cela me rappelle l’histoire d’un écureuil. Cet écureuil s’est lié d’amitié avec le roi de la forêt, un lion. Et bien sûr le lion donna à l’écureuil quelque chose à faire qu’il accomplit à merveille. Ainsi, lorsque l’écureuil s’acquitta merveilleusement de cette tâche, le lion fut très fier de lui et lui dit : ‘Écoute, travaille avec moi et à la fin, lorsque tu prendras ta retraire, je te donnerai une charrette pleine d’amandes.’ L’idée d’une charrette pleine d’amandes, c’était magnifique pour lui, alors cet écureuil est resté travailler sous les ordres du roi le lion en faisait tout ce qu’il lui disait. Pendant ce temps-là, il était toujours jaloux des autres écureuils parce qu’ils étaient libres, ils pouvaient sauter d’une branche à l’autre, ils couraient à gauche et à droite, ils étaient libres de faire tout ce qu’ils voulaient. Mais lui ne pouvait pas, même s’il le voulait. Il devait s’acquitter de sa tâche avec dignité.
En regardant les autres, l’écureuil était très frustré et se disait : ‘un jour, ils m’envieront. Quand je recevrai le punya, quand je recevrai la charrette pleine d’amandes, ils m’envieront.’ Et donc cette pensée tournait dans son esprit. Les années ont passées et il a vieilli, il était temps pour l’écureuil de prendre sa retraite. Lorsqu’il l’annonça au roi, celui-ci lui fit un grand banquet et comme promis, il lui offrit une charrette d’amandes. L’amande, c’est une noix que peu d’écureuils ont la chance de manger, il était donc très heureux. Mais quand il a vu le chariot d’amandes devant lui, au lieu d’être heureux et joyeux, il était complètement triste, car bien qu’il l’ait et que toutes ces années il n’avait rêvé que de ça, maintenant que la charrette d’amandes était là, il a réalisé qu’il n’avait plus de dents pour les manger !
Donc si vous jeûnez pour Ekadashi mais que vous ne changez pas votre attitude, que feriez-vous ? Tout comme l’écureuil, à la fin, vous vous rendrez compte que rien n’a changé en vous. Jeûnez pour Ekadashi, mangez la bonne chose prescrite, ou bien ne mangez rien du tout, mais en même temps, Ekadashi est un moment pour vous connecter avec le Seigneur. Il est dit que le jour d’Ekadashi, quoi que vous fassiez, le peu que vous faites, le punya est grand. Alors construisez, à chaque Ekadashi faites quelques pas pour vous rapprocher du Seigneur. Marchez vers cette transformation de votre mental, offrez-le aux Pieds du Seigneur. Ainsi, Ekadashi est une transformation de ce mental limité. Permettez-lui de se transformer en Divin. Voilà ce que vous devez faire un jour d’Ekadashi.
5. Si l’un des partenaires d’un couple est vraiment effrayé par la spiritualité de l’autre, comment doit-on réagir ? Est-il juste d’insister pour pouvoir continuer sur le chemin spirituel ‘à l’extérieur’ ? Ou faut-il se concentrer sur la spiritualité intérieure pour maintenir ahimsa et rendre la relation plus harmonieuse ?
Ahhhh, c’est un peu compliqué. C’est pourquoi je dis : c’est beaucoup plus facile si les deux parents ou le couple sont sur le chemin spirituel. Eh bien, je dirais, d’une certaine façon, vivez votre vie spirituelle. Mais si vous avez des enfants, c’est plus difficile. Dans ce que vous devez faire, la tolérance est importante. Vous savez, parfois vous devez – comme on dit à Maurice -“vous pincer le nez et boire l’huile’, ce qui signifie : accepter et faire votre chemin spirituel intérieur.
Vous savez, c’est pour cela que Bhagavan a dit pour cette époque : ‘Je suis sous la forme du Nom.’ Aujourd’hui, ‘si vous chantez Mon nom, Je suis avec vous.’ Les grands sages ont vu ce qui allait arriver au mental des personnes de nos jours. Pour cette raison, il est dit que, où que vous soyez, trouvez Bhagavan à travers Son Nom. Pour éviter le conflit au sein de votre famille, suivez vos préceptes spirituels, soyez végétarien, inspirez vos enfants et les gens autour de vous, jusqu’à ce que vous puissiez vraiment faire votre sadhana, faire votre puja, etc. à l’extérieur. Pour éviter tout conflit avec votre partenaire ou autre, chantez simplement le Nom de Bhagavan en vous-même. Et si ça se passe bien comme ça, c’est très bien.
Vous voyez, vous êtes sur le chemin spirituel, vous avez appris à respecter. Mais pendant que vous vous taisez, votre partenaire devrait aussi apprendre à vous respecter. Peu importe le chemin sur lequel vous êtes, la tradition, votre pratique religieuse, votre partenaire doit aussi apprendre à vous respecter tel que vous êtes, de la même manière que vous le ou la respectez. Donc sur ce point, je dis que oui, faire sa pratique spirituelle à l’extérieur est aussi une bonne chose. Ce sera un défi pour lui ou pour elle, mais parfois le défi est aussi une bonne chose.
Donc avant d’avoir des enfants, réfléchissez bien si votre partenaire est le bon ou non, et quel genre de samskaras vous voulez donner à vos enfants. Pour cette raison, lorsque les deux partenaires sont sur le même chemin spirituel, c’est beaucoup plus facile.
Jai Gurudev tout le monde !
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