QUESTIONS/RÉPONSES
EN DIRECT DE VRINDAVAN,
À L’ASHRAM SHREE GIRIDHAR DHAM,
3 AVRIL 2020
Dans le Satsang d’aujourd’hui, Paramahamsa Vishwananda répond à des questions sur le service aux dévots vs le service à Dieu ou au Maître, quand suivre un nouveau Maître, quand se battre ou s’abandonner, et la différence entre le Seigneur Krishna et le Seigneur Suprême Narayana.
Jai Gurudev, tout le monde !
J’ai décidé de retourner en Allemagne et donc c’est le dernier satsang ici à Vrindavan et… que dire ? Les satsangs continueront aussi en Allemagne, nous trouverons comment faire, et le japam continuera aussi, car c’est ainsi que je suis en contact avec vous tous. Comme demain ce ne sera pas possible de faire le satsang et le japam en direct, je vous demande, où que vous soyez, s’il vous plaît, connectons-nous et faisons le japam ensemble, à la même heure.
C’est une décision très rapide en fait de retourner en Allemagne. Personne n’était vraiment préparé à cela, et les gens ici sont choqués. Certains ont paniqué ! D’autres qui sont à l’extérieur sont aussi choqués par la façon dont je vais rentrer en Allemagne. Pas seulement moi, mais aussi tous les gens qui sont venus ici de l’ashram, Swami Revati et les autres.
Ce qui est drôle, c’est que Giridhariji a tout organisé, c’est vraiment drôle de voir ça. Peut-être que Swami Revati peut vous en parler un peu.
SVR : Donc, ce qui s’est passé, c’est que nous avions vérifié auprès de l’Ambassade Allemande s’il y avait une option pour retourner en Allemagne, juste pour garder un œil là-dessus, et il n’y avait rien. L’Ambassade Allemande a essentiellement déclaré qu’elle avait déjà envoyé deux vols de sauvetage en Inde et qu’il n’y avait aucune garantie d’en envoyer un troisième parce qu’il n’y a pas assez de personnes ayant besoin de ce service. Nous étions donc ouverts à la possibilité de devoir attendre la fin de l’affaire Corona et le retour normal des vols commerciaux.
Entre-temps, une dévote autrichienne qui est ici vérifiait auprès de l’Ambassade Autrichienne, et ils parlaient d’un vol qui passait par la Hollande, par Amsterdam, mais que ce vol était totalement plein, aucune place n’était disponible. Et donc, même s’il y avait un vol dimanche, il n’y avait plus de place et donc nous ne pouvions pas vraiment faire grand-chose, à part attendre. Et puis hier soir, nous avons reçu un message d’une dévote qui se trouve à Delhi en ce moment. Elle a pris contact avec la compagnie aérienne et a réussi à avoir un billet ; elle a demandé à Guruji : ‘est-ce que je peux rentrer chez moi maintenant ?’ Guruji lui a répondu oui. Puis elle a dit : ‘peut-être que je peux avoir un autre billet.’ Alors elle a vérifié en ligne et il n’y avait qu’un seul billet disponible. Elle a donc appelé Guruji et lui a demandé s’Il était intéressé, mais Il a répliqué : ‘non, je ne rentrerai que si tout le monde peut rentrer, tout le groupe’, et nous étions environ six ici à venir d’Allemagne.
Je lui ai demandé de m’envoyer le lien (que nous n’avions en fait jamais trouvé, nous avions pourtant essayé sur le site de KLM, la compagnie aérienne, mais il n’y avait rien). Alors nous sommes allés sur le lien, j’ai demandé six billets et il y avait six billets disponibles. Donc nous les avons réservés et tout s’est bien passé. Environ cinq minutes plus tard, d’autres personnes sont venues pour prendre le même vol, nous avons donc vérifié sur le même lien pour une partie de l’équipe vidéo et demandé deux autres places… mais il n’y avait aucun vol disponible jusqu’en mai ! Il y avait donc juste les six billets dont nous avions besoin et qui étaient disponibles pendant un court moment. Je pense qu’entre-temps, ils ont réussi à trouver d’autres solutions aujourd’hui après beaucoup de complications et d’appels téléphoniques et ceci, cela. Mais hier soir, six billets sont apparus de nulle part pour nous, et Guruji a dit : ‘d’accord, alors dans ce cas, allons-y.’ Et donc, comme Il l’a dit, cela semble s’être arrangé comme ça.
Guruji : Les gens ici ne devraient pas avoir peur de quoi que ce soit, c’est juste qu’il est maintenant temps de partir. Il y a eu un moment pour être ici à Vrindavan et maintenant il est temps de retourner en Allemagne. Dans tous les cas, nous serons de toute façon en quarantaine, enfermés pendant deux semaines. Et oui, nous serons toujours enfermés… C’était bien d’être enfermé ici.
Je pense que c’est complètement différent de l’être ici que n’importe où ailleurs. J’ai vu des vidéos où on voit les gens se faire taper dessus à l’Île Maurice, ils étaient juste sortis pour être avec leurs amis et…terrible ; ils le prennent très strictement, avec une grande intensité. Écoutez, il ne faut pas paniquer ou quoi que ce soit, on peut juste s’asseoir et profiter du moment. Et vraiment, on se demande quand est-ce qu’on s’est réellement assis et qu’on a profité du moment ? Très souvent, les dévots et d’autres personnes disent : ‘vous savez, je fais rapidement ma sadhana, je n’ai pas beaucoup de temps. Je n’ai pas le temps de faire toute la sadhana qu’on m’a demandé de faire. Même pour la méditation, j’en fais juste un peu et mon Atma Kriya, j’en fais juste un peu aussi, et c’est tout.’
Maintenant, il semble que le Divin vous ait donné tout le temps de vous connecter à Lui et de vous connecter d’abord avec vous-même. Alors, profitons aussi de cela.
1. Pourquoi dit-on que servir les dévots du Seigneur est plus important que de servir le Seigneur Lui-même ?
Tout d’abord, le service au dévot rend humble. Pour servir quelqu’un, il faut être vraiment humble. Vous ne pouvez pas servir quelqu’un en étant égoïste ou plein d’orgueil car ces qualités vous empêcheront toujours de servir les autres en vous plaçant toujours plus haut qu’eux : ‘je suis le maître de tout. Je suis ceci, je suis cela.’ Ainsi, lorsque le Seigneur Krishna dit : ‘Le service à Mon dévot M’est le plus cher, ceux qui servent Mes dévots sont les plus chers à Mon cœur’, cela renvoie à cette attitude d’humilité. Pour être capable de servir ce dévot, il faut être humble. Nous devons comprendre qu’ici, il ne s’agit pas de se dire ‘d’accord’ et vous vous mettez au service de tous les dévots qui se nomment eux-mêmes dévots ; mais quand Bhagavan appelle quelqu’un ‘un dévot’, c’est cette personne qui a été élevée à l’état où Bhagavan Lui-même l’enlace, dans cet état de Réalisation, cet état de conscience. Bhagavan dit ‘c’est mon dévot’ : celui qui est dépourvu d’orgueil et d’ego. Le dévot lui-même est humble.
Servir cette représentation d’humilité, cette représentation de dévotion et d’abandon vous rend pareil que ce dévot parce que vous le prenez en exemple d’humilité. Vous êtes prêt à vous jeter à ses pieds et à vous consacrer à Son dévot comme un service. C’est ce que font les saints, invisible aux yeux du dévot, invisible aux yeux du disciple mais c’est en fait ce que font les vrais maîtres et les saints. Ils sont là pour nous élever. En réalité, ils ne sont pas au-dessus, même s’il semble que ce sont les dévots qui les servent, en fait c’est eux qui servent les dévots ; ils poussent leurs dévots plus haut vers le Seigneur, en les offrant au Seigneur. Si vous devez Lui offrir quelque chose, vous devez le prendre d’en bas et le soulevez vers Lui. Et c’est là ce que fait un vrai dévot.
Dans la Gita, au chapitre 8 verset 8, Bhagavan Krishna dit : ‘Ceux dont le mental, passant par le processus de la méditation constante et la contemplation, l’ont rendu libre de toute agitation, Ô Partha, ceux-là viennent à Moi et M’atteignent.’ Cette question renvoie donc très clairement à ce qu’est réellement un dévot. Un mental qui ne bouge pas de droite à gauche, n’est-ce pas ? Un mental pleinement focalisé, un mental sans ego, mais comment arriver à cela ? ‘Par la méditation constante sur Moi, le Seigneur Suprême.’
C’est ce que Bhagavan Krishna dit : ‘Ceux dont le mental est continuellement focalisé sur Moi en tant que Seigneur Suprême’, ce qui signifie que ce mental est constamment concentré et introverti en soi et qu’il perçoit le Divin, ce mental-là a atteint un état de focalisation sur un seul point ; ce mental n’est pas en train d’errer par-ci et là et il est libre de tout ego. Lorsque ce mental est libéré de tout ego, nous commençons à refléter le Divin qui est caché en soi. Cette personne devient alors un dévot, et réalise son Soi. Son mental est alors entièrement absorbé dans le Soi, mais pas comme dans l’ego ou l’orgueil ; ce mental est pleinement absorbé en sachant que le Seigneur Suprême demeure à l’intérieur de soi.
Si l’on a cette pleine conscience en soi, que le mental ne saute pas à gauche et à droite et que l’on est pleinement absorbé dans la dévotion au Seigneur Suprême Lui-même, une transformation se produit chez cette personne. Et cette transformation lui amène naturellement l’humilité, car elle sait automatiquement qu’il ne s’agit pas d’elle mais de Dieu. De façon naturelle, un dévot devient humble.
Il y avait un dévot de Seigneur Krishna appelé Manu (ce n’est pas ‘le’ Manu). Manu est venu à Vrindavan et il voulait vénérer le Seigneur Krishna ici, dans ce lieu magnifique et serein. Il voulait atteindre la paix du mental, alors il est venu à Vrindavan. Tandis qu’il était de l’autre côté de la rivière Yamuna, en passant près d’un arbre il a vu trois érudits discuter entre eux. Manu s’est assis là et écouta pendant un moment. Pendant qu’ils discutaient, un fruit tomba de cet arbre et au même moment, un corbeau s’est envolé.
Alors, le premier érudit a commencé à parler de cela et a dit : ‘Wow, quelle chance que ce fruit soit tombé et que ce corbeau se soit envolé en même temps.’
Le second a dit : ‘Non, ce corbeau a marché sur le fruit et, à cause de son poids, le fruit est tombé.’
Et le troisième a dit : ‘Non, non, non, vous ne comprenez rien. Ce fruit est tombé à cause de la gravité, c’est pour ça que cet oiseau s’est envolé.’
Ils discutaient tous de ce fruit et de l’oiseau. Manu en était très amusé, voyant quelle perte de temps et de discussion c’était.
Alors il s’est approché d’eux et a dit : ‘S’il vous plaît, puis-je clarifier quelque chose pour vous ?’ Il est allé prendre le fruit et leur a demandé : ‘Vous savez très bien qu’il est dit que pas un seul brin d’herbe ne bouge si le Seigneur ne le veut pas. Êtes-vous d’accord qu’un seul brin d’herbe bouge selon la volonté de Dieu ?
Ils ont tous acquiescé en répondant ‘oui.’
Alors Manu a pris le fruit et a dit : ‘Vous savez donc que c’est aussi la volonté de Dieu que ce fruit soit tombé et que l’oiseau se soit envolé.’
Ils ont répondu ‘oui.’
Manu a pris le fruit, est allé à Yamuna, l’a lavé et l’a offert au Seigneur en disant : ‘quand c’est offert avec amour et dévotion, le Seigneur accepte une feuille, une fleur, un fruit et quelques gouttes d’eau.’ Il a pris le fruit, l’a offert au Seigneur, l’a coupé et l’a donné à manger à tout le monde, et tout le monde l’a accepté comme prasad et l’a mangé sans aucune question.
Souvent, il y a tellement de discussions autour des choses. Nous discutons sans cesse, encore et encore, et les gens font semblant de savoir et de connaître. Ils pensent que plus ils entendent, plus ils deviennent sages. Mais si vous leur demandez ce qui a été discuté il y a quelques jours, ils ne s’en souviendront pas. De la plus simple des manières, par le service au dévot, par le service au Maître, ce service devient le plus cher au Seigneur. Le fait de servir vous rend humble et automatiquement, dans cette humilité de servir un dévot lui-même humble, cela vous rapproche du Seigneur Lui-même. En étant humble, vous pouvez Le sentir. En étant humble, vous pouvez respecter Sa création, vous pouvez respecter tout le monde. Et quand vous êtes humble, vous pouvez vraiment aimer comme Lui aime.
C’est pour cette raison que le service à son dévot Lui est le plus cher. Et aussi, une chose dans ce service : parce que vous pouvez servir le dévot, le dévot peut interagir avec vous et cela crée une certaine connexion. Pour le service à la déité – très souvent on entend les gens dire, surtout en Occident : ‘pourquoi devrais-je vénérer une déité ?’ Mais c’est vrai, il faut d’abord être en contact avec votre humanité car si ce n’est pas le cas, comment seriez-vous en contact avec votre divinité ? C’est pourquoi Bhagavan Krishna a dit : ‘ceux qui servent Mes dévots sont les plus chers à Mon cœur’, parce qu’Il demeure éternellement dans le cœur de ce dévot qui est une représentation, une représentation vivante. Un vrai dévot, un vrai maître est une représentation touchante du Seigneur Lui-même ; ils ont cet amour, cette humilité et cette compassion.
2. Lorsque le Maître vivant d’un dévot part en samadhi et qu’il rencontre ensuite un autre Maître vivant, est-il possible de continuer à suivre son ancien maître ou doit-il suivre le nouveau Maître vivant ? Et si oui, comment savoir s’il est bon de suivre le nouveau Maître vivant et s’il a raison ?
Lorsque le Maître décède, on ne reçoit plus les conseils que l’on avait avant, et parce que vous êtes vivant, il est plus facile de suivre un Maître vivant. Mais cela ne signifie pas que vous devez ignorer votre Maître précédent qui a quitté ce monde, parce que normalement, en quittant ce monde, les Maîtres deviennent plus vivants et cette connexion est plus intense.
Dans certaines traditions, les gens suivent la parampara. Cela signifie que lorsqu’un maître, son propre Maître décède, il avait déjà désigné son successeur qui a été formé sous la coupelle du Maître pendant des années, normalement depuis l’enfance. Ainsi, le dévot du Maître précédent devient automatiquement le dévot du Maître actuel. Ça c’est dans le cas où l’on suit une certaine parampara et lorsque le Maître a clairement nommé le successeur, et ainsi ils continuent de cette façon. C’est le cas pour Swami Narayan et beaucoup d’autres Maîtres de parampara.
Mais il y a certains maîtres – je viens juste de mentionner Swami Narayan – qui peuvent suivre un certain maître car l’acharya désigné, le maître en chef, le fondateur, est toujours vénéré comme le maître principal et les autres deviennent juste les successeurs. Dans cette tradition, ils suivent le prochain maître qui a été nommé selon cette même tradition. Mais par exemple dans notre tradition du Sri Sampradaya, nous avons aussi eu Ramanujacharya et de nombreux acharyas, et pourtant Sri Ramanujacharya était une telle personnalité. Pourquoi ? Parce qu’il a établi la sampradaya et a donné certaines normes à suivre, il est donc devenu acharya. Bien sûr il y a eu beaucoup d’autres acharyas sous sa direction, et beaucoup de disciples, mais en général nous devons d’abord le vénérer lui. Nous ne vénérons pas les autres de la même façon parce que Ramanujacharya est une incarnation du Seigneur Lui-même. Ainsi, à chaque fois que le dévot fait une vénération en étant dans cette sampradaya, il le vénère d’abord lui. Dans ce contexte, il devient le chef des acharyas.
Pour en revenir à la question : si un maître a pris le samadhi et que vous rencontrez un autre maître vivant, tout dépend de la façon dont vous vous connectez à ce Maître-là. Si vous savez que ce Maître peut vous conduire de l’obscurité pour vous amener à la lumière, alors prenez refuge auprès de lui et ne voyez aucune différence entre votre maître précédent et celui que vous suivez maintenant. Sachez que votre ancien maître vous a lui-même conduit là où vous devez être. Mais ça ce n’est pas dans beaucoup de cas vous comprenez. Tout ce qui importe, s’est seulement comment vous, vous vous sentez et dont vous êtes attiré et alors il est possible de changer d’une tradition à l’autre, d’un maître à l’autre. Quand vous changez, respectez la tradition précédente, mais adoptez pleinement les traditions et la voie de votre maître actuel.
C’est comme en se mariant, surtout ici en Inde ; lorsqu’une mariée épouse son époux, elle accepte pleinement les normes, la culture, la déité et le culte de son mari. De la même manière, en empruntant un chemin différent, vous suivez votre maître actuel : vous adoptez pleinement votre maître actuel, ce qu’il vous enseigne et ce qu’il vous donne.
Dans la troisième partie de votre question, vous demandez : ‘comment savoir s’il est bon de suivre le nouveau maître vivant et s’il a raison ?’ Si c’est un vrai Maître, vous ne saurez jamais s’il a raison ou non, car juger le Maître, c’est la première infraction que vous commettez, et ce que vous devriez éviter en fait ! Mais pendant ce moment-là, vous devez vous auto-analyser, comment vous sentez-vous à l’intérieur ? Je ne parle pas intellectuellement parce que comme je l’ai dit hier, au début les gens aiment vraiment leur imagination et parce qu’ils ressentent une énergie différente, ils sont excités. Non, prenez le temps de ressentir à l’intérieur de vous ; et ce que vous sentirez sera juste.
Si votre cœur vous tire et que quoi qu’il arrive vous essayez de résister mais pourtant, ce cœur vous tire toujours vers ce Maître, alors sachez que vous avez la bénédiction de votre maître précédent pour avancer dans votre vie, pour avancer sur un chemin différent, ce nouveau chemin que vous suivez maintenant.
3. Les histoires de Draupadi et de Mirabai, par exemple, nous montrent ce qu’est vraiment l’abandon. Il y a aussi dans leur histoire beaucoup de choses que les dévots peuvent apprendre. Quand il y a un défi dans notre vie, quand savons-nous que nous devons prouver notre force et nous battre et quand savons-nous s’il vaut mieux s’abandonner et accepter la situation au lieu de se battre ? En fin de compte, ma question est la suivante : comment savoir quand accepter et quand se battre pour quelque chose ?
Vous voyez, si on parle de ‘se battre’, vous pouvez passer votre vie à vous battre pour des choses vaines, mais un vrai dévot s’abandonne. Vous savez, ce moment que l’on vit est un test d’abandon : quelle foi avez-vous en Dieu, à quel point avez-vous la foi, à quel point vous abandonnez-vous à la parole du Maître et de Dieu ? Le mental des gens court toujours comme un chien après de nouvelles idées, de nouvelles choses. Ils ne peuvent pas vraiment dire : ‘je m’abandonne à Ta volonté.’
Vous avez certainement remarqué que les chiens courent très souvent après une voiture qui passe devant eux ; ils courent comme des fous, ils essaient de sauter par-dessus la voiture, c’est comme s’ils faisaient la course avec elle. Quand j’étais à Palani en février, une nuit nous sommes allés au temple et sur le chemin du retour, beaucoup de chiens essayaient de courir avec la voiture, en aboyant et en essayant de la rattraper, toutes ces choses. Je me disais : ces chiens courent, mais que feraient-ils si nous nous arrêtions là, maintenant ? Ils sauteraient et vous mangeraient.
Il y a une histoire de deux fermiers ; l’un d’eux avait un chien, et chaque fois qu’un véhicule passait, le chien faisait la course et essayait de le dépasser.
Un jour, le voisin a demandé au fermier : ‘que se passerait-il si votre chien voulait poursuivre cette voiture et qu’elle le dépasse ?’
Et le fermier répondit : ‘je ne me préoccupe pas trop de savoir si la voiture va dépasser le chien. Ce qui me préoccupe, c’est de savoir si le chien rattrapera la voiture. C’est cela qui m’inquiète.’ (Ce qui signifie que ce ne serait pas bon, le chien mordrait la personne).
C’est la même chose avec le mental humain : on court après des choses futiles, que l’on ne désire pas réellement et qui ne nous rendent pas vraiment heureux. Continuer à courir comme ça ne vous mènera nulle part.
Avec l’exemple des saints, nous voyons qu’ils savent clairement ce qu’ils veulent. C’est là la différence, ils n’ont aucun dilemme : ‘oh, est-ce que je veux vraiment Krishna ? Est-ce que je veux vraiment Sriman Narayana ? Est-ce que je veux vraiment m’abandonner ?’ Non, ils n’ont pas ce dilemme en eux. Pour eux, c’est clair : tout ce que le Seigneur leur donne, ils l’acceptent pleinement parce que leur but est clair, leur objectif et leur point de focalisation est clair sur ce qu’ils veulent. Pourquoi seraient-ils confus ? Il n’y a pas ça en eux.
Vous vous trouvez face à un dilemme en vous demandant s’il faut se battre ou juste accepter parce que vous êtes confus avec vous-même. Cette confusion vient aussi de l’extérieur et lorsque vous l’êtes, tout devient une grande confusion et vous continuez à vous demander : ‘Ai-je raison ? Ai-je tort ? Dois-je me battre ou ne pas me battre ?’
Quel est ce mot ‘abandon’ ? Lorsque vous êtes abandonné à la volonté de Dieu, est-ce que vous allez vous battre ? Non, vous faites votre dharma, vous faites votre devoir mais vous n’êtes pas attaché au résultat. Vous comprenez ? C’est là ce qui fait toute la grandeur de ces saints : ils accomplissent leur dharma de tout leur cœur, le mental pleinement focalisé sur le Seigneur Suprême. Ils atteignent alors cette focalisation sur un seul point, où peu importe le dharma qu’ils font, ils savent qu’ils servent le Seigneur à travers celui-ci. Et ils ne sont pas attachés au fruit de leur action.
En vous battant, vous dites : ‘oui, je veux être ici, je veux que les choses se passent comme je le veux’, mais comment savez-vous que c’est bien ? Vous ne savez pas si c’est bien ou pas. Ce qui est bon pour vous peut être mauvais pour quelqu’un d’autre et ce qui est mauvais pour quelqu’un peut être bon pour quelqu’un d’autre. Alors comment pouvez-vous le savoir ? Ceux qui s’abandonnent n’ont pas besoin de se soucier de savoir si c’est bien ou non car ils savent que quoi qu’ils fassent, ils le font pour leur Seigneur Bien-aimé. Si c’est bien, c’est bien ; si ce n’est pas bien, ce n’est pas bien mais Il le transformera, Il le prendra et Il fera comme Il le veut. Et c’est là la différence entre les deux, entre s’abandonner et se battre.
4. Dans la nature, dans le tattva, toutes les manifestations de Narayana ne font qu’un. Toutes ne sont que Lui et Vous avez dit que Krishna et Narayana ont le même tattva. Mais en voyant les humeurs, le rasa dans ces formes, y a t-il une sorte de goût différente du rasa entre elles ou ont-elles le même tattva, malgré qu’il y en ait beaucoup, et qu’ultimement il n’y a pas de différence entre Krishna et Narayana ?
C’est une question qu’ici, souvent les gens aiment bien poser. En fait, il n’y a aucune différence entre Krishna et Narayana, Krishna est Narayana. Bien sûr, l’humeur d’un bhakta auquel ils sont attachés, le lila auquel ils sont attachés, est différente. Mais vous pouvez voir que même par exemple dans l’Inde du Sud, les gens sont surtout focalisés sur Sriman Narayana mais ils ont ce même bhava envers Sriman Narayana. Dans le Nord, ici, ils disent : ‘les gopis sont de très grandes dévotes qui se surpassent.’ C’est vrai, Bhagavan Krishna Lui-même fait l’éloge des gopis, mais dans l’Inde du Sud, Goda Devi était également vénérée avec la même humeur que Sriman Narayana. Donc, on ne peut pas vraiment dire qu’il y ait une différence.
Prenons l’exemple de Mithila, où Rama s’est marié. La chanson ‘O Pahuna’ a été chantée il n’y a pas si longtemps ; et bien c’est la même chose : ‘O Pahuna’ est la chanson des habitants de Mithila pour Seigneur Rama, à travers laquelle ils expriment ce désir ardent en demandant à Rama : ‘S’il Te plaît, reste avec nous, prolonge Ton séjour et sois avec nous’. C’est le même désir que les gopis de Vrindavan avaient pour Krishna. Comment pourrait-on dire que les habitants n’avaient pas ce bhava pour Rama ? Ils l’avaient ! Vous voyez, le bhava est le même pour Rama, le bhava est le même pour Krishna, le bhava est le même pour Sriman Narayana.
Je viens de vous donner trois exemples. Alors, y a-t-il une différence pour le Seigneur Suprême ? Non, il n’y en a pas. Quand Bhagavan Krishna a dû montrer Sa Virat-swarupa, Sa forme cosmique, Il a montré Sriman Narayana à Arjuna. Il n’a pas montré quelqu’un d’autre. Quand Arjuna a vu Sa Forme cosmique, il a dit : ‘Je ne peux pas regarder ça, je ne peux pas comprendre cette forme, je ne peux pas, c’est trop pour moi.’ Alors qu’a-t-il demandé au Seigneur ? ‘S’il te plaît, montre-moi Ta forme Chaturbhuja’. De Sriman Narayana, Il lui a montré Sa forme Chaturbuja, avec Shankha, Chakra, Gada et Padma. Il pouvait appréhender et supporter cette forme, parce qu’elle lui était plus familière. Puis Arjuna a demandé : ‘S’il Te plaît, je Te veux plus comme un sakhi’, c’est le sakhya-bhava qu’il avait en lui.
Selon l’endroit où se trouve le rasa, selon le bhava que vous avez à l’intérieur de vous-même, ce même type de rasa s’éveillera de l’intérieur. Mais bhava et rasa, ce ne sont pas des fantaisies mais c’est une chose importante. Très souvent, les gens aiment beaucoup les confondre, ils lisent à ce sujet et ensuite ils fantasment là-dessus. Et il faut faire très attention à cela, car lorsque le bhava s’éveille, il vous consume et vous n’êtes plus complètement vous-même. Vous êtes alors totalement abandonné, sans ego, sans mental, vous êtes – je ne dirai pas dans un état où vous ne respirez plus parce qu’en ce moment ce n’est pas bon de dire cela, ils vont penser que vous avez le Coronavirus ! Pas d’état sans respiration, laissez cela aux yogis.
Alors, comprenez que Krishna et Narayana sont une seule et même personne.
Jai Gurudev !
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