J’avais coutume de dire : « Le Kirtan, ce n’est pas mon truc. Je préfère utiliser mon temps pour pratiquer l’Atma Kriya Yoga. » Comme je m’étais moi-même limité aux différentes manières de faire l’expérience d’une relation avec le Divin ! Il n’y a absolument aucune différence entre le kirtan et la Méditation de la Trinité : les deux éveillent la kirtana-bhakti, conduisant à approfondir cette relation avec le Divin.

Auteur : Madhusudanadas

 

Beaucoup d’Atma kriya-yogis que je connais disent qu’ils se sentent très attirés par la Méditation de la Trinité. La Méditation de la Trinité, l’une des techniques de l’Atma Kriya Yoga, est infusée de kirtana-bhakti – cet amour et cette dévotion qui naissent lorsque l’on chante les gloires de Dieu. Pas seulement en les chantant, mais aussi en jouant d’un instrument, en tapant dans les mains, et en se dandinant joyeusement. C’est magnifique parce que nous infusons le Nom de Dieu dans tout notre corps. C’est magnifique parce que nous le faisons en groupe, la vibration du groupe étant bien plus forte que celle de l’individu. La vibration du groupe élève chaque individu, permettant à chacun d’entre nous de grandir, cela élève l’environnement et peut aussi se voir comme un seva ou service rendu au monde.

En juillet 2019, pendant le darshan de la « semaine de pays » à Shree Peetha Nilaya, j’ai ressenti l’envie de m’inscrire à un cours sur les bases du mridanga. Débutant en musique et ne connaissant rien, mon mental s’est emparé de cette opportunité pour remettre mon ressenti en question et me demandant pourquoi « perdre » mon temps avec ce cours. Mon ressenti a triomphé et j’ai suivi le cours, mais sans trop d’attention. Je suis rentré à Nairobi et j’ai mis ça de côté, sans m’inquiéter de pratiquer ce que j’avais appris, ayant décrété que ce n’était pas pour moi.

 

UNE NOTE DE DOUCEUR

En début d’année, alors que j’entrai dans notre temple pour la puja et le kirtan, notre responsable de kirtan, qui joue aussi des manjiras, a dit en passant qu’ils avaient besoin d’un joueur de mridanga ce jour-là. Nous étions peu nombreux à être présents donc je me suis dit : « pourquoi ne pas essayer, même si je ne suis pas dans le rythme. » Donc j’ai pris un mridanga qui était posé là et j’ai commencé à m’entraîner un peu avant que ne commence le kirtan. Je me souviens d’avoir regardé la photo de Paramahamsa Vishwananda, Lui demandant si je pouvais jouer pour Lui puis d’avoir demandé Son aide à Saraswati, la Déesse de la musique et de la connaissance. J’ai un peu tâtonné au départ puis je me suis souvenu d’un rythme de base, vu pendant le cours que j’avais suivi, et j’ai continué à jouer pendant une heure et demie en me repérant avec les manjiras. Ce moment a été incroyable, tout mon corps était traversé de joie. J’ai tellement aimé ça que j’attendais déjà avec impatience le prochain moment où je pourrais jouer. C’était comme une sucette sucrée donnée à un petit enfant, qui en veut encore une autre.

La musique a le pouvoir de vous attraper dans le mental et de vous emmener jusque dans le cœur – que vous soyez sur un chemin spirituel ou non – parce que la musique est le langage de Dieu.

Paramahamsa Vishwananda

QUE LES JEUX COMMENCENT

La Covid-19 est arrivé quelques semaines plus tard et on ne s’est plus rassemblé les quelques mois qui ont suivi. L’impatience de pouvoir jouer du kirtan avec tout le monde grandissait au fil des mois. Quand il fut demandé à chaque pays de chanter trois bhajans pour les 108 bhajan-mala de la Gurupurnima, j’ai vu se dessiner une lueur d’espoir.

Nous avons deux joueurs, qui ne font pas partie de Bhakti Marga Kenya, qui nous rejoignent pour le kirtan, lors de l’office ou de concerts. Ils sont bons, s’adaptent à notre manière de jouer les kirtans et ils étaient disponibles pour jouer dans le bhajan-mala. Le mardi, avant notre enregistrement du samedi, on m’a demandé si je voulais bien faire partie des chœurs. En temps normal, toute tâche ou responsabilité qui m’est donnée me convient, mais cette fois-ci c’était différent. Mon envie et mon impatience de jouer m’ont amené à me plaindre en privé. Non, carrément à pleurnicher, auprès de mon ishtadeva pour qu’on me donne cette chance de jouer. Après quelques gémissements en tête-à-tête, j’ai discuté avec le Père Divin pour que Sa volonté soit faite, tout en souhaitant secrètement qu’elle aille en ma faveur et dans le sens de mon désir. J’ai attendu une journée, espérant un coup de théâtre qui me conviendrait bien.

Ça n’est pas arrivé. Donc le jour suivant, j’ai mendié. J’ai pensé que si je mendiais malgré ma résolution de la veille que Sa Volonté soit faite, ça y changerait quelque chose. L’envie ne cessait de croître et mon mental a passé la journée entière à se demander si je pourrais ou pas jouer pour mon satguru.

Non. Jeudi, j’ai changé de tactique et j’ai boudé comme un petit enfant devant la Mère Divine en espérant qu’elle convaincrait le Père de changer d’avis. L’envie a encore grandi.

Toujours pas de changement en vue. Vendredi, j’ai renoncé et j’ai finalement accepté que je ne pourrais probablement pas jouer, et cette fois-ci, j’ai « permis » ingénument à Sa Volonté d’être faite !

Samedi matin, avant l’enregistrement, j’ai reçu un coup de fil du responsable du kirtan, me disant que les types habituels ne pouvaient pas venir pour une raison quelconque et me demandant si j’aimerais jouer. Sans hésiter, j’ai demandé qu’on m’envoie des enregistrements des chansons pour que je puisse les écouter. Alors que j’entrai dans notre centre ce jour-là pour l’enregistrement, qui est-ce que je vois ? Les types habituels du mridanga, qui d’une manière ou d’une autre avaient finalement pu venir. Bouche bée, je me suis mentalement préparé à une guerre contre mon ishtadeva si on ne me donnait pas la chance de jouer du mridanga pour mon guru. Je me suis approché des deux joueurs pour leur demander si je pourrais jouer dans au moins une des trois chansons. J’ai eu droit à un sourire et à un grand « oui » du cœur. J’ai joué une chanson avec un tempo simple et plus tard ce jour-là, je me suis retrouvé en pleurs devant mon autel, plein de gratitude d’avoir pu jouer pour mon guru.

 

LES RELATIONS NOUS DÉFINISSENT

J’avais coutume de dire : « Le Kirtan, ce n’est pas mon truc. Je préfère utiliser mon temps pour pratiquer l’Atma Kriya Yoga. » Comme je m’étais moi-même limité aux différentes manières de faire l’expérience d’une relation avec le Divin ! Il n’y a absolument aucune différence entre le kirtan et la Méditation de la Trinité : les deux éveillent la kirtana-bhakti, conduisant à approfondir cette relation avec le Divin.

En repensant à cette expérience, j’ai vu que je m’étais comporté comme un enfant gâté dans ma relation avec mon ishtadeva. Je me suis senti comme un enfant à qui les parents ont montré une sucette sucrée, qu’ils avaient déjà décidé de me donner, mais selon leur condition, pas les miennes. Ils m’ont taquiné à me laisser demander, implorer, bouder, tenter des feintes pour essayer d’utiliser la Mère pour convaincre le Père (ce qui n’a de toute évidence pas fonctionné, ils ont vu clair dans mon jeu), jusqu’à finalement obtenir cette sucette que j’ai dû partager avec mes frères de mridanga. La meilleure partie de cette histoire, c’est qu’elle m’a rapproché du guru et de Dieu, et m’a fait Les aimer encore plus en permettant à une expérience aussi particulière de prendre place dans ma relation avec Eux. Je vois maintenant encore plus clairement combien ma relation avec le guru et Dieu se fait selon Ses termes et Sa volonté.

Les relations nous définissent. Faites en sorte que la relation qui vous définisse le mieux soit celle que vous avez avec le guru et Dieu. Quand ce sera le cas, toutes les autres relations seront bénies de la présence de Dieu. S’il fait partie de votre vie, alors Il fait aussi partie de votre communauté, de votre mariage, de votre famille, de vos amitiés, de vos rencontres fortuites avec des inconnus et de toutes autres relations dont le monde se sert pour vous définir. Quand Il fait partie de qui vous êtes, vous devenez vous-mêmes une partie de qui Il est.

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